Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.
Le Maroc, qui n’a pas été invité à Berlin en janvier 2020, souhaite redevenir une force de proposition sur le plan politique afin de tenter de trouver une solution au conflit libyen. La nomination, le mois dernier, de Mohamed Aujjar, ancien ministre de la Justice, à la tête de la Mission onusienne d’établissement des faits en Libye (FFML) renforce également le rôle de médiateur du Maroc dans ce conflit.
Le seul accord signé sous l’égide de l’ONU l’a été à Skhirat en 2015. En février dernier, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita considérait que l’ingérence de puissances étrangères dans le conflit libyen constitue une menace. Début juillet, il a fait part devant le Conseil de sécurité de l’ONU (lors d’une réunion virtuelle) de messages exprimant « la préoccupation, la déception et l’appel à la mobilisation » du Maroc face à la détérioration de la situation sur le terrain.
Depuis le 6 septembre, le Royaume abrite des pourparlers entre les partisans de Sarraj et ceux d’Haftar, dans la ville de Bouznika (proche de Casablanca). C’est la première rencontre entre les deux camps depuis l’annonce d’un cessez-le-feu le 21 août. Le Gouvernement d’union nationale (GNA) de Fayez el-Sarraj est reconnu par l’ONU et représente l’ouest de la Libye. Le maréchal Khalifa Haftar représente l’est du pays.
En ouverture, Nasser Bourita a affirmé que l’initiative du Maroc n’est animée que «par les seuls désir et ambition impartiaux de servir la Libye et de se tenir aux côtés du peuple libyen et le soutenir». Elle est louable car elle favorise un dialogue direct entre les acteurs. Néanmoins, le rôle joué par de nombreux acteurs externes avec des intérêts divergents continue d’être un frein à une paix durable.
Le Maroc a fait le choix de l’impartialité, tout comme l’ONU. Les nombreux autres médiateurs ont souvent été accusés de chercher à favoriser leurs intérêts. Le Royaume doit donc continuer à se distinguer afin de renforcer sa crédibilité.