A la veille du lancement de la coupe du monde 2018, le vote concernant l’octroi de l’organisation de la coupe du Monde 2026 s’est tenu au sein du siège de la FIFA, et c’est sans grandes surprises que l’organisation fut octroyée au trio américain Canada-Etats-Unis-Mexique.
En revanche, la surprise voire le choc a eu lieu quant au fratricide commis par des pays que le Maroc considérait comme amis, voire alliés. En effet, l’Arabie saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Koweït, la Jordanie, le Liban et l’Irak ont voté en faveur du trio américain faisant ainsi passer leurs intérêts nationaux propres devant l’amitié et la multitude de points communs les liants au Royaume.
Il sera donc l’occasion, à travers cet article, de voir dans quelle mesure les compétitions sportives sont devenues le centre de nouvelles rivalités géopolitiques.
L’importance stratégique de la coupe du monde, et dans une dimension moindre des jeux olympiques, s’explique par deux facteurs, à savoir l’attractivité (la coupe du monde de football est l’évènement télévisé le plus suivi au niveau planétaire), et la redéfinition de la puissance assise par le soft-power puisque le grand vainqueur devient un ambassadeur dont la popularité dépasse parfois celle du chef d’Etat.
L’organisation de cet évènement majeur est aussi au cœur d’une compétition sans merci puisque le pays hôte devient le centre du monde, tant durant le processus d’attribution de la compétition que durant son déroulement.
C’est ainsi que la Task force de la FIFA publie un compte-rendu où des notes sont attribuées au volet technique (stades, transports, médias, billetterie, hospitalité), au volet relatif au respect de la légalité, au volet de la sécurité et des infrastructures sanitaires et enfin au volet du développement, des droits de l’homme et de la protection de l’environnement. Toute note inférieure à 2/5 est éliminatoire, et de ce fait, par l’obtention de la note de 2.7/5, la candidature du Maroc a été retenue.
Lors du vote final, 207 nations prennent part au vote, et le seuil de 104 votes est requis pour que l’organisation soit validée. C’est donc à l’occasion de ce vote que toutes les alliances stratégiques et géopolitiques prennent vie et se réalisent à travers ce processus.
Le 27 avril 2018, Trump, à travers le réseau au petit oiseau bleu a, à travers un tweet, à peine voilé ses menaces en sous-entendant que les pays qui voteraient contre le trio américain ne bénéficieraient plus des aides financières du pays de l’oncle Sam, violant de ce fait les règles éthiques de la FIFA, à savoir la dissociation de la politique du football. Malgré ces menaces, des Etats tels que l’Ethiopie et le Kenya ont tenu tête et ont voté en faveur du dossier marocain.
Cette compétition constitue une véritable vitrine pour le pays hôte, et par sa décision, la fédération internationale de football association, plus connue sous le sigle FIFA, souhaite participer à l’écriture de l’histoire géopolitique. Ainsi donc, l’attribution de l’organisation de la coupe du monde à l’Afrique du Sud en 2010, à la Russie en 2018, au Qatar en 2022 et enfin au trio Américain en 2026 n’est que le prolongement de ce qu’il se passe dans les coulisses de la scène internationale.
En effet, en attribuant l’organisation de la compétition à l’Afrique du Sud en 2010, l’idée était de que cet Etat n’est pas en marge de la mondialisation et qu’il était dans la capacité de relever le défi de l’organisation de cet événement majeur.
A quelques jours du coup d’envoi de la coupe du monde à Moscou, il s’agit ici saluer le retour de la puissance russe sur la scène internationale après le déclin qu’elle a connu à la fin du siècle dernier.
Quant au Qatar, il s’agit ici de marquer le coup puisque cette monarchie du golfe est le premier Etat Arabe et musulman à organiser une compétition sportive mondialisée. Par ailleurs, après l’embargo mené par les pays du Conseil de Coopération du Golfe, ça sera l’occasion ou jamais pour ce pays de près trois millions d’habitants de prouver qu’il reste debout malgré le couteau planté par les pays « frères » et voisins
L’octroi de l’organisation de la coupe du monde 2026 au Maroc aurait été l’occasion rêvée d’assurer une visibilité sans précédent au royaume et de confirmer son influence grandissante au sein du continent.