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Le 10 juillet 1971 ou quand le Maroc a failli basculer dans un régime militaire.

Lors de son accession au trône dix ans auparavant, Feu Hassan II était loin de s’imaginer qu’en cette journée d’été du 10 juillet 1971, il allait faire face à la forme la plus extrême que peut revêtir la contestation : le coup d’Etat.

A l’occasion de son quarante-deuxième anniversaire, Hassan II avait réuni pas moins de 800 invités, parmi lesquels l’ambassadeur de France, des Etats-Unis, de l’URSS, de pays arabes, mais aussi membres du gouvernement de l’époque, dans une réception donnée au palais de Skhirat.

Il est 14h08 lorsque le bruit assourdissant de tirs de mitraillettes retentit au sein du palais. En effet, 1400 recrues de l’école Ahermoumou de Taza ont quitté leurs quartiers à 3h15 le matin du 10 juillet. A 11h00, les 1400 recrues font halte à Sidi Bouknadel, ville située à 16 kilomètres de Rabat. C’est à ce moment là que le Lieutenant Colonel M’hamed Ababou, proche collaborateur du général Medbouh, convoque les recrues et les informe que des éléments subversifs mettant en danger l’intégrité physique du Roi devaient être neutralisés au palais de Skhirat. Une riposte rapide et vigoureuse devait donc être engagée. Il ne fut pas donné plus d’explications ou de détails aux recrues, et lorsque le major Kadiri demanda plus de précisions, ce dernier fut placé sous étroite surveillance.

En réalité, le plan de l’insurrection était déjà établi par le général Medbouh, qui notons le faisait partie des convives à Skhirat, le 8 juillet.  Tout d’abord, pour justifier les nuisances sonores et les bruits de tirs et éviter toute intervention des forces de l’ordre, il fut préalablement dit aux officiers que des essais à balles réelles allaient être tenus à Ben Slimane. Il était ensuite, question de neutraliser le Roi lors de la réception, à la suite de quoi, la station radio de Rabat ainsi que les principaux ministères seraient occupés et les moyens de communication saisis. Le général Medbouh avait pour objectif que le palais de Skhirat soit encerclé et que les 800 convives soient pris en otages. Il avait par ailleurs donné les instructions à Ababou de ne tirer qu’en cas de nécessité. Le déroulement des évènements en a voulu autrement, puisque entre 14h08 et 15H00, le palais de Skhirat fut témoin d’un carnage avec un bilan humain  s’élevant à 100 morts et plus de 200 blessés.

Conscient de la gravité des choses, Feu Hassan II se rend à la salle du trône afin de contacter les unités d’interventions motorisées, qui ont en fait été alertées quelques minutes avant que les lignes téléphoniques du palais ne soient coupées. Néanmoins, les forces qui sont intervenues disposant d’un faible effectif et n’étant pas en mesure de libérer le palais, furent décimées par les putschistes.

A 15h10, toujours pris dans la fusillade, le général Medbouh déclarait à Hassan II qu’Ababou était le cerveau pensant de la fusillade. Il lui demanda par la suite, s’il était prêt à discuter avec ce dernier, ce à quoi Hassan II répondit par la négative.

Vers le coup de 17h00, Hassan II avait la certitude que les jeunes recrues n’avaient aucune idée de ce qu’ils faisaient, ni de pourquoi ils étaient là, et encore moins qu’ils tenaient prisonnier leur propre Roi.

A 17H20, les événements prirent une nouvelle tournure lorsque l’un des soldats putschistes reconnu Hassan II qui traversait le jardin royal afin de regagner une des salles du palais. Très vite, se rendant compte du quiproquo, sept soldats qui quelques heures auparavant tenaient Hassan II en captivité, se sont retrouvés à le protéger. L’un d’entre confia à Hassan II qu’il leur a été dit que « Sa Majesté était en danger », raison pour laquelle ils ont encerclé le palais. Trompés, ils leur a ensuite été donné l’ordre  de tirer à feu ouvert.

Dans la soirée, à Rabat, quelques généraux ont rejoint les putschistes, par opportunisme ou par peur, et ce n’est qu’à 18h00 que l’ordre fut rétabli au sein des forces armées royales après que Hassan II ait retrouvé sa liberté.

A 22h30, tous les putschistes étaient soient arrêtés, soit avaient pris la fuite. Le général Mebdouh fut abattu lors de la fusillade au palais de Skhirat. Ababou quant à lui fut tué lorsqu’il opposa résistance à son arrestation.

 

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