ROUTE DE ZOUSFANA

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Selon Pierre Loti, dans son livre « Au Maroc: Précédé de journal Marocain », il décrit:

L’enthousiasme pour le Maroc, venant d’un Pierre Loti en mal d’authenticité, de grandeur , de naturel n’eut donc, en son temps, rien d’exagéré, contrairement à ce que certains détracteurs de l’officier de marine écrivain ne manquèrent pas une occasion de répéter. Plus récemment, une nouvelle génération de critiques s’est élevée contre Loti le « réac »; Loti qui, en effet osait écrire en 1889, contre l’opinion dominante du temps en Europe, alors obsédée de « mission civilisatrice », comme elle l’est de nos jours de démocratie:  » Quant à sa Majesté le Sultan, je lui sais gré d’être beau; de ne vouloir ni parlement, ni presse, ni chemin de fer, ni routes, de monter des chevaux superbes; de m’avoir donné un long fusil garni d’argent et un grand sabre damasquiné d’or. J’admire son haut et tranquille dédain des agitations contemporaines. »

Éternellement à contre-courant et de son époque et de la nôtre (c’est en grande partie pour cela que nous le republions), Loti poursuit, dans sa préface d’Au Maroc: « A quoi bon se donner tant de peine pour tout changer, pour comprendre et embrasser tant de choses nouvelles, puisqu’il faut mourir? (…)Plutôt, gardons la tradition de nos pères, qui semble un peu nous prolonger nous-mêmes en nous liant plus intimement aux hommes passés et aux hommes à venir. (…) Laissons tout, et jouissons seulement au passage des choses qui ne trompent pas, des belles créatures, des beaux chevaux, des beaux jardins et des parfums de fleurs… »

En un mot, comme en cent, et que ça plaise ou non, Julien Viaud, alias Pierre Loti, né en 1850, mort en 1923, en voyage sous couverture diplomatique en 1889 dans l’intérieur défendu de l’Empire chérifien, était un épicurien conservateur, qui attachait autant d’importance sinon plus à l’esthétique qu’à la politique, et n’en éprouvait aucun complexe, tant il était convaincu de la justesse de ses convictions.Dans le livre de Douglas Porch sur « La conquête du Maroc : Une histoire », décrit-il dans son premier chapitre du livre sur sa route vers Zousfana :

Les colonies peuvent être conquises par accident. Cela peut paraître peu probable à première vue si l’on considère les immenses empires coloniaux que l’Europe possédait autrefois avec des constructions aussi élaborées, qui doivent sûrement être le produit d’une politique, d’une conception, d’un calcul économique.

Le Maroc est dominé par ses montagnes. Celles du Rif sortent de la Méditerranée comme une barrière impénétrable : L’explorateur allemand Gerhard Rohlfs, qui a visité le Maroc dans les années 1860, a écrit :  » Une paroi rocheuse nue, raide et sauvage « .

De la mer, le Rif semblait sans vie. « Tout au plus, une coupole solitaire servant de tombeau à un saint, montre qu’ici des êtres humains ont vécu et sont morts. » Mais ses pentes couvertes de broussailles étaient très habitées. Des tribus berbères féroces ont gardé le Rif à la fois ingouvernable et inaccessible.

En 1888, Walter Harris, un voyageur anglais qui s’installe à Tanger, prétend être le premier chrétien à visiter Chefchaouen, l’une des principales villes du Rif et certainement la plus pittoresque.

Niché au pied d’un précipice rocheux de 600 pieds de haut, les toits inclinés en tuiles rouges de ses maisons donnent à Chefchaouen un aspect beaucoup plus espagnol qu’africain, et un tout à fait unique au Maroc.

Mais Harris n’appréciait que peu de ses charmes. A la nouvelle qu’un chrétien s’était infiltré à Chefchaouen, les rues étaient remplies d’hommes qui voulaient capturer l’intrus, qui a dû se cacher dans la maison d’un de ses domestiques jusqu’à la nuit tombée.