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« Masaktach » : un pas de plus vers l’abolition de la culture du viol.

Au lendemain de son placement en détention le mardi 20 septembre 2018 à la suite d’une énième accusation d’agression sexuelle, un mouvement inédit répondant au nom de « massaktach », qu’on peut littéralement traduire par «  je ne me tairais pas » voit le jour sur le réseau social au petit oiseau bleu.

Se définissant comme « un collectif de femmes et d’hommes qui dénoncent les violences et abus contres les femmes ainsi que la légitimation de la culture du viol au Maroc », ce mouvement a réussi à réunir en quelques jours plus de 800 abonnés et à largement véhiculer un hashtag sous le même nom. Repris en masse par des milliers d’internautes marocains, ce hashtag a pour objectif de faire cesser la diffusion des chansons de la star déchue sur les ondes des radios nationales, voire internationales. Faisant honneur aux doléances légitimes des internautes, Radio 2M ainsi qu’Hit Radio ont pris la décision de ne plus diffuser les chansons de Saad Lamjjared. Chada FM quant à elle, a indiqué dans un communiqué de presse le 20 septembre qu’elle ne prendrait une décision que lorsque la justice aura rendu son verdit, usant ainsi de la présomption d’innocence comme paravent.

Notons que des radios internationales, à l’instar de Beur FM et Radio Arabic Mood ont répondu à l’appel au boycott et ont pris la décision à leur tour de ne plus diffuser sur leurs ondes respectives les chansons du « m3allem » en perdition.

Soulignons que la jeune femme qui a porté les premières accusations de viol sur le sol français contre Saad Lamjarred, Laura Prioul, a dans un tweet du 19 septembre indiqué qu’elle « n’était pas à l’origine du boycott », mais qu’elle ne peut que « soutenir ce mouvement par respect pour toutes ses victimes obligées d’entendre leur agresseur à longueur de journée ».

Le milieu artistique est quant à lui divisé quant au « Lamjarred Gate ». En effet, si des artistes n’ont pas hésité à apporté leur soutien à la jeune star après la plainte de Laura Prioul, et continue de le faire, à l’image de la chanteuse émiratie Ahlam ou de la marocaine Dounia Batma, certains ont adopté une posture aux antipodes de la première lorsque de nouvelles accusations d’agissions sexuelles ont fait surface. C’est ainsi que Hend Sabri, actrice tunisienne de renom sur la scène arabe a, à l’occasion d’un tweet publié le 27 août 2018 déclaré qu’elle était « parmi ceux qui ont rejeté les premières accusations à son encontre, mais la récidive tue le doute. Ce jeune homme s’est joué de lui-même et de son public, et ne mérite pas d’être une star ou un exemple pour qui que ce soit ». A l’échelle nationale, c’est le présentateur Redouane Erramdani officiant à MedRadio qui, dans un post Facebook n’a pas hésité à se désolidariser de la star, mettant la lumière sur ses addictions aux drogues dures et la défaillance de l’entourage du jeune homme notamment.

Notons qu’à la suite des nombreux scandales sexuels qui sont venus ternir la réputation du Royaume, de nombreux mouvements ont vu le jour dans l’objectif de libérer la parole des femmes. C’est ainsi que le hashtag « Zankadialna », à savoir  « la rue nous appartient » a eu pour but la réappropriation de l’espace public par les Marocaines. De plus, à la suite de l’entrée en vigueur de la loi contre le harcèlement sexuel le 13 septembre dernier, une jeune femme du nom d’Oumaima Rafass devient la première marocaine à porter plainte pour harcèlement sexuel contre trois personnes.

Le chemin vers la mise à mal de l’omerta qui règnent en matière d’agressions sexuelles est encore long et semé d’embuches. Néanmoins, comme le disait Mildred Mc Afee, « si vous avez une grande ambition, faites le plus grand pas possible dans le sens de sa réalisation. Si c’est un tout petit pas, ne vous inquiétez pas, car c’est probablement le plus grand qu’il vous est possible de faire pour le moment ».

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