Le marché du renouvelable marocain : Aperçu et compétitivité

Face à une dépendance énergétique au niveau des importations, le Royaume du Maroc s’est tourné vers les énergies renouvelables pour limiter les sorties de devises. En effet, le Maroc souhaite devenir un hub régional de l’énergie en assurant ses besoins par lui-même et exporter les surplus vers l’Afrique et l’Union Européenne.

Lors du sommet de la COP 22, le Maroc avait signé de nombreux accords avec les grandes puissances européennes (Allemagne, France, Espagne, Portugal, Royaume-Uni) pour livrer des énergies pour un marché dont la demande ne cesse d’augmenter. En 2030, 52% de la production énergétique sera de source renouvelable au Maroc contre 27% dans l’UE. Mohammed VI avait misé sur un objectif de 100% d’ici 2050 conformément au Plan Morocco 2050.

1 – Aperçu du marché des énergies renouvelables au Maroc : 

Afin d’atteindre les objectifs du Programme solaire marocain, le Royaume a établi une politique de diversification du portefeuille énergétique misant sur plusieurs sources : le solaire, l’éolien, l’hydraulique, valorisation énergétique des déchets, pompage de l’eau, dessalement de l’eau de mer, climatisation et chauffage solaire de l’eau sanitaire.

Graphique 1 : Carte du Maroc et portefeuille énergétique par villes

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Profitant de ses larges côtes sur la façade atlantique et le vent saharien, les capacités énergétiques sont revalorisés. Le potentiel éolien est estimé à plus de 6000 MW. La plus grande centrale éolienne du continent africain se situe à Tarfaya (nommé Tarrec) avec une capacité de 900 MW à terme, 300 MW à son inauguration.

Sur le plan solaire, le Maroc installe ses panneaux au Sahara, dans les régions de l’Oriental et du Moyen-Atlas. En effet, ces régions disposent d’un éclaircissement journalier conséquent avec un potentiel de rayonnement de 5 kWh/m2/jour. La plus grande centrale solaire au monde est situé à Ouarzazate (Noor I, II, III, IV) aura une puissance de 580 MW. On note la participation de fonds de la BAD, de fonds souverains arabes, européens et de Nareva holding, filiale de la SNI où la famille royale est actionnaire majoritaire.

2 –  Milieux ruraux marocains : Le paradoxe de l’économie comportementale et des prix : 

Lancé en 1996, le PERG (Programme d’électrification rurale globale) a par ailleurs permis d’électrifier 98% du Maroc, permettant aux régions les plus isolées de pouvoir accéder plus facilement à l’énergie.

Parfois ce n’est pas suffisant, les câbles ne sont pas assez longs ou n’ont pas assez de débit. Des villages ont donc bénéficié de panneaux photovoltaïques et de «kits solaires». Fin 2015, plus de 39.000 villages, soit 2 millions de foyers, ont eu accès à l’électricité grâce à ce programme.

Les habitants ont alors recours, en complément, à des panneaux solaires, par exemple pour l’eau chaude. Ils peuvent être indispensables aux maisons plus isolées, construites au bout des pistes non-goudronnées. Cependant, les installations de bonne qualité sont encore trop chères et inaccessibles pour la plupart des Marocains malgré que les prix baissent quotidiennement.

Les associations (association Electriciens sans frontières, Enfants du Désert) accompagnent le développement des énergies renouvelables dans les milieux enclavés du Royaume par des lancements de projets de mini-centrales électriques qui permettent de revendre cette électricité à l’ONEE pour un développement régional inclusif (construction de plus d’écoles, hôpitaux etc).

Le développement de cette nouvelle énergie change aussi le comportement des marocains qui sont censés être plus respectueux de l’environnement : lancement d’une police de l’environnement, mise en place de hammams durables avec des panneaux solaires pour limiter les gaz à effets de serre, récupération de l’eau du brouillard via des filets implémentés dans la montagne.

3 –  La compétitivité : Le leadership se joue là dedans : 

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Une étude de la FEMISE avait confirmé que la compétitivité coût donnera le leadership dans le domaine des énergies renouvelables. Le Maroc s’apprête d’ailleurs à entamer l’implémentation de la phase photovoltaïque du programme solaire Noor, à un tarif retenu à 0,46 dirham (4,2 centimes d’euros par kilowattheure).

Au niveau solaire, le Maroc dépasse les Etats-Unis, Israel et bien d’autres grandes nations au niveau prix/production de MW. Toutefois, la baisse des prix à la production a encore du mal à se transmettre aux ménages les plus modestes. Les énergies renouvelables peuvent être une source de revenus supplémentaires pour l’Etat et faciliter le processus de désenclavement rural.