Les émeutes du pain de Casablanca, ou ce qu’on appelle ‘انتفاضة الكوميرا’

Il était un jour les émeutes de Casablanca du 20 juin 1981,également connues sous le nom de 'انتفاضة الكوميرا'.

Un iota de notre histoire, riche qu’elle est, afin de comprendre et expliquer notre présent. En effet, quoiqu’on parle ci-dessous de maintes causes, la première, qui a allumé le feu en 1981, reste les conditions sociales et économiques désastreuses.

Malgré l’endettement rapide du quinquennat 1973-1977, et la chute du prix du phosphate confirmée en 1978, le pouvoir refuse que le cinquième plan (1978-1982) soit soumis à l’austérité. Le Maroc mène une guerre coûteuse au Sahara, structurellement inflationniste, mais le pouvoir doit maintenir une vigoureuse croissance pour la faire accepter par le peuple, plus précisément la classe pauvre.

En effet, en 1979, le Maroc est frappé par le second choc pétrolier, puis par le retour de la récession en Europe en 1980, année où le Maroc entre en crise agricole, parce qu’au fait, il a subi sa première vague, énorme qu’elle était, de la sécheresse. Or, cette sécheresse qui a duré d’ailleurs 5 années – de 1980 à 1984 – a provoqué une grande détresse dans les compagnes, saturées par l’expansion démographique. Des milliers de jeunes et de familles, alors, se trouvent obligés à quitter leurs compagnes, laissant leurs terres, pour les villes, on entend par cela les bidonvilles.

Les émeutes alors vont être de retour, à cause de la conjonction entre l’endettement de l’Etat et la crise agricole. Et Casablanca est de nouveau – après 1965 – le premier réceptacle de la misère et de l’exode rural. Les 20 et 21 juin 1981, la ville se soulève dans une gigantesque jacquerie, après que le pouvoir eut annoncé, le 28 mai, une augmentation du prix des produits de base subventionnés (farine, sucre, beurre), politique recommandée, si on ne dit imposée, par le FMI depuis 1978. L’appel à la grève générale de la CDT pour le 20 juin a dérapé. Avec 3,2 d’habitants dont le quart vivant en bidonvilles et 1,9 de moins de 20 ans, la ville est une vraie poudrière. On s’est retrouvé alors avec plus de victimes qu’en 1965 ; on dénombre des milliers d’arrestations et de nombreux morts (66 selon la version officielle et de 600 à 1000 selon l’Association des Marocains de France).

Néanmoins, le gouvernement rétablit la subvention du pain. Cela rejaillit sur des Finances publiques très affaiblies voire exsangues et précipite la crise de la dette. En 1981, le déficit du trésor atteint 17.6% du PIB.