Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman).
La diplomatie africaine de SM le Roi Mohammed VI, depuis deux décennies, pourrait servir d’accélérateur et plaide en faveur du projet marocain. Particulièrement deux aspects, le commerce et les investissements entre l’Afrique et la Chine. La position géographique du Maroc en fait un point de rencontre naturel sur le plan géoéconomique entre la Chine, l’Afrique et l’Europe dans le cadre de la globalisation.
« La géoéconomie s’interroge sur les relations entre puissance et espace, mais un espace « virtuel » ou fluidifié au sens où ses limites bougent sans cesse, c’est-à-dire donc un espace affranchi des frontières territoriales et physiques caractéristiques de la géopolitique.» (Pascal Lorot, économiste et géopoliticien français).
Le Maroc n’est pas le seul à avoir cette ambition. Si les 27 et 28 novembre 2017, 400 décideurs chinois et africains s’étaient réunis à Marrakech pour le 2e Forum de l’investissement Chine-Afrique, la première édition a eu lieu, en 2015, à Johannesburg, en Afrique du Sud, rival du Maroc. Mais le Maroc a pour lui trois facteurs qui pourraient s’avérer décisif : sa géographie, sa stabilité politique et sa diplomatie économique. L’Afrique ne représente aujourd’hui que 15% des investissements chinois dans le monde, même si en quinze ans (2000-2015), le commerce sino-africain a été multiplié par six (dépassant les 300 milliards de dollars).
Tanger Med, le plus grand port à conteneurs en Afrique, se situe sur le deuxième trajet maritime le plus important au monde, le détroit de Gibraltar. Face à l’Algérie, partenaire important de la Chine en Afrique, et à l’Egypte, du fait du Canal de Suez, le Maroc a un avantage comparatif qu’il se doit de fortifier sur le plan méditerranéen. De plus, le Maroc est le seul pays africain à bénéficier de la technologie du Train à Grande Vitesse (TGV). Son futur prolongement vers Agadir, par la China Railway Construction Corporation, doit s’envisager comme une première étape vers une future connexion ferroviaire interafricaine (Afrique de l’Ouest pour commencer). Othman El Ferdaous, secrétaire d’Etat marocainà l’investissement, évoquait en 2016 (il était alors consultant) une route de la soie originale « qui se dessine progressivement dans le prolongement de la péninsule ibérique vers l’Afrique atlantique puis le golfe de Guinée ».
Le Maroc a des armes solides. A lui de jouer.