L’Arabie et ses alliés coupent les relations diplomatiques avec le Qatar

L’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Egypte, Bahrein, les Maldives, le Yémen et le gouvernement de la Libye de l’Est ont décidé de rompre leur relation avec le Qatar pour soutien à l’extrémisme et au terrorisme dans leurs pays et ingérence contre des Etats souverains. A cette heure, le Maroc n’a toujours pas réagi comme la Turquie, deux pays proches du Qatar et de l’Arabie Saoudite.

L’émirat du Qatar est accusé de s’ingérer dans les affaires internes de ces pays en soutenant des groupes comme Al Qaida au Yémen, l’EI dans le Sinai, selon la version de ces pays.

Cette rupture diplomatie suit une logique cohérente. En effet, lors du Sommet Arabe de Riyadh avec la présence de Trump, le président américain avait exhorté les pays arabes à dénoncer les pays soutenant le terrorisme. Par la suite, des révélations non-identifiées via des fuites de mail ont démontrés que le Qatar qualifiait l’Iran de partenaire stratégique dans la région du Golfe (gaz). Ensuite, Al Jazeera publiait des preuves non avérées sur un financement saoudien et émirati dans la tentative de coup d’Etat en Turquie, le 15 juillet dernier.

Ainsi, l’Arabie Saoudite accomplit un vieux rêve d’antan en isolant son principal concurrent dans la course au leadership dans le monde arabe sunnite. Cette fois-ci, plusieurs prétextes pouvaient lui en donner l’occasion. Toutefois, cette rupture brutale risque d’imploser le Conseil de Coopération du Golfe qui manque déjà d’unité concrète. La crise est tellement profonde que même l’espace aérien des pays du Golfe est interdit aux compagnies qataries.

Cette rupture diplomatique profite également à l’expansionnisme et l’ingérence iranienne dans le monde arabe. L’Iran, en position de force, sur de nombreux dossiers de la région (Syrie, Yémen etc) voit sa position se conforter davantage par une désunion arabe profonde.

Le Maroc est davantage proche de l’Arabie Saoudite que du Qatar. Toutefois, le silence de la diplomatie marocaine montre que le Maroc essaiera de jouer une neutralité positive envers l’Arabie Saoudite ou bien de tenter une médiation entre les parties. Ces deux pays sont stratégiques pour le Maroc, il n’a aucun intérêt à se fâcher avec les protagonistes. Toutefois, il est utile de rappeller que la relation Maroc-Qatar a traversé des crises comme la fermeture d’Al Jazeera au Maroc pour propagande pro-Polisario, soutien au mouvement Hirak dans le Rif etc tandis que l’allié saoudien et bahreini a toujours soutenu les positions officielles de l’Etat marocain. Le Qatar était le seul pays à ne pas vouloir du Maroc et de la Jordanie dans le Conseil de Coopération du Golfe. Cela explique également l’éloignement politique de Mohammed VI dans cette partie du monde : refus d’assister aux sommets de la Ligue Arabe, au sommet de Riyadh. Lors du discours de Riyadh, Mohammed VI avait également soutenu que des pays étaient en faveur de la partition des Etats devant ses alliés du Golfe.

La liste des mesures prises :

– Rupture immédiate des relations diplomatiques avec le Qatar, Bahreïn et les Emirats ordonnant à leurs diplomates de quitter Doha dans les 48 heures. En 2014, les trois pays avaient rappelé leurs ambassadeurs à Doha pour protester contre le soutien du Qatar aux Frères musulmans.

– Fermeture des espaces aériens des trois pays aux vols de la compagnie aérienne du Qatar, suspension des liaisons aériennes et maritimes avec ce pays dans les 24 heures. Les compagnies Etihad, Emirates et flydubai des Emirats arabes unis ont suspendu les vols sur Doha à partir de mardi matin. Qatar Airways a pour sa part suspendu ses liaisons avec l’Arabie saoudite, dont la compagnie nationale Saudia a pris une mesure similaire.

– Fermeture de la frontière terrestre de l’Arabie saoudite avec le Qatar, ce qui bloque les importations de biens par voie terrestre du Qatar à travers l’Arabie saoudite.

– Interdiction pour les ressortissants des trois pays de se rendre au Qatar.

– Il a été demandé aux ressortissants du Qatar, visiteurs ou résidents permanents dans les trois pays, de partir dans un délai de 14 jours. Cette mesure contredit un accord sur la libre circulation au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG: Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït, Oman, Qatar).

– Seuls les pèlerins du Qatar peuvent se rendre sur les lieux saints musulmans en Arabie saoudite.