La naissance de l’écrivain arabophone a eu lieu le 15 juillet 1935 à la région de Beni Chiker, au Rif. Sa famille était pauvre, son père violent. A cause de cette pauvreté et la misère, sa famille plie bagage et part pour Tétouan, avant de décider d’aller à Tanger afin de s’y installer.
Le jeune Choukri vit, alors, dans la misère à son paroxysme, côtoie la violence, la drogue et passe son enfance au sein d’une famille dont le père, tyrannique qu’il était, est même accusé, par l’écrivain d’avoir tué son petit frère Abdel-Kader. Et c’est alors à l’âge de 11 ans ,que Mohamed quitte sa famille pour mener une vie de sans domicile fixe, pratiquant le vol, et la contrebande quand l’occasion se présente.
Et c’est à l’âge de 20 ans que tout a basculé. Emprisonné après être arrêté par les espagnols, qui occupaient le Nord du Maroc, il apprend à lire et à écrire l’arabe, à l’aide d’un partisan de l’indépendance, qu’il côtoie pendant cette période passée à la prison.Après avoir passé par l’école dès ses 21 ans, il devient instituteur puis professeur. Il se met à écrire.
Dans les années 60, il rencontre les écrivains Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams. Et puis, ce n’est qu’en 1966 qu’il est publié, grâce à sa première nouvelle « Violence sur la plage ». Il publie après un certain nombre de nouvelles, entre lesquelles on trouve son ouvrage le plus connu, « Le pain nu », œuvre écrite avec une franchise qui n’a pas été apprécié par tout le monde.
Après la traduction en anglais du « Pain nu » par Paul Bowles en 1973 et en français par l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun en 1980, Mohamed Choukri a connu un succès international, mais aussi un scandale dans les pays arabes, à cause des références à ses expériences sexuelles. Et c’est alors en 1983 que le livre a été interdit dans le Maroc, censure qui prend fin en 2000. Le livre a été traduit jusqu’à présent à 39 langues.
Parmi ses œuvres, on trouve, entre autres, « Le temps des erreurs », « Visages », « Le fou des roses » et « Zoco Chico ».
En 1995, l’écrivain obtient le prix de l’amitié franco-arabe. Avant de mourir, il crée la fondation Mohamed Choukri chargée de veiller sur ses œuvres. Le samedi 17 novembre 2003, «L’homme des ruelles, instable», comme il se définissait lui-même, victime de cancer, s’est éteint à l’hôpital militaire de Rabat.