Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman).
Au Maroc, le défi est de taille et il s’agit d’une urgence. SM le Roi Mohammed VI, à l’ouverture de la session du Parlement d’octobre 2017, avait souligné l’impératif d’instaurer une culture de l’évaluation à tous les niveaux afin d’en faire un outil déterminant dans l’amélioration des politiques publiques. Trois acteurs doivent devenir clés et complémentaires. Le Parlement, le Gouvernement et la Cour des Comptes.
Selon la constitution, le Parlement doit réserver une séance par an à l’évaluation des politiques publiques mais les deux chambres n’y parviennent pas, malgré son importance et sa nécessité. Il se doit de créer une structure spéciale en son sein afin de renforcer son contrôle en matière d’efficacité mais aussi d’efficience des politiques publiques. Si la première permet de vérifier que les effets attendus d’un programme public ont bien été produits grâce aux actions menées, la seconde permet de vérifier que les effets obtenus l’ont été au meilleur coût. Les deux chambres nécessitent de véritables experts afin de développer la culture de l’évaluation des politiques publiques.
Une modernisation managériale au sein de la structure publique, l’administration étatique, est plus que nécessaire afin de répondre aux nouvelles attentes, mais aussi par une gestion des moyens financiers avec des objectifs de résultats en amont de la mise en place de la politique publique. Le Gouvernement doit prendre ses responsabilités et impulser le changement avec un calendrier et une stratégie. Ce raisonnement doit s´étendre aux collectivités territoriales dans la logique de décentralisation.
Enfin, la Cour des Comptes a également un rôle central en matière d’évaluation de l’action publique, comme le définit la Constitution de 2011 et la loi organique relative aux lois des finances, au-delà de la certification des comptes de l’État et du contrôle de l’exécution des lois de Finances. L’institution présidée par Driss Jettou fait déjà un travail considérable du fait de son expertise et de son sérieux.
Le chemin est encore long mais il y a urgence afin de montrer aux citoyens l’évolution « culturelle » des pouvoirs publics concernant cette question de l´évaluation. Car contrairement aux apparences ce n’est pas seulement une question technique mais également une question politique.