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#EditoDeMexico2 : Crise d’Etat au Venezuela, une bonne nouvelle pour le Maroc ?

Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est  Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman).

Le Venezuela est au centre de l’actualité internationale depuis plusieurs jours. Cela nécessite, il me semble, une explication des causes de la crise. Nous terminerons par un bilan et une perspective des relations entre ce pays et le Maroc.

Juan Guaido, président de l’Assemblée Nationale, s’est autoproclamé président de la république vénézuélienne mercredi 23 janvier. Nicolas Maduro, président depuis 2013, était de plus en plus isolé sur le plan régional. Le Venezuela vit une succession de crises : économique, sociale, géopolitique. L’expérience vénézuélienne se caractérise depuis vingt ans par une extrême polarisation sociale et politique.

Résultat de recherche d'images pour "Maduro"Nicolas Maduro, dernier président élu du Venezuela remis en question.

L’époque du chavisme triomphant semble lointaine. Le pays s’enlise dans la crise politique et ne semble pas en capacité de tenir le choc économiquement. De son côté, Nicolas Maduro semble avoir perdu son sang-froid. Il a transmis le contrôle des ports, aéroports et zones pétrolières à l’armée. Le Venezuela bascule de plus en plus dans la crise politique. Il y avait la possibilité d’un référendum révocatoire à l’encontre du président Nicolas Maduro fin 2016. Les opposants, majoritaires à l’assemblée et menés par Henrique Capriles, sont parvenus à rassembler les signatures nécessaires à sa convocation (ils en revendiquent 400 000 soit le double de ce qui est nécessaire). La pression s’accentue sur la présidence, qui se tend de jour en jour et accuse les États-Unis d’être derrière cela. S’il avait eu lieu avant janvier 2017 et que Maduro l’avait perdu, de nouvelles élections auraient lieu. Mais le chaos était proche puisque Nicolas Maduro menaçait de demander la dissolution de l’assemblée à la justice constitutionnelle. Finalement, la Cour Suprême s´est octroyée le pouvoir législatif en mars 2017. Puis une Assemblée nationale constituante a été élue le 30 juillet 2017, malgré le boycott de l’opposition. Entièrement favorable au régime de Maduro, elle détient le pouvoir législatif, aux dépens de l’Assemblée nationale. Officiellement, ses travaux sont prévus pour deux années et aboutir à un nouveau projet de constitution. Notons que sur les 50 000 candidatures déposées, seulement 6 120 ont été validées. De plus, Nicolas Maduro a interdit les candidats issus des partis politiques d’opposition.

Le chef de l’Etat semble être prêt à tout afin de se maintenir au pouvoir. Le successeur d’Hugo Chavez n’a ni son charisme ni sa situation exceptionnellement bonne sur le plan économique. Il sait qu’il n’a plus que deux institutions qui le soutiennent : l’armée et la justice. Les officiers « chavistes » sont nombreux et sont prêts à défendre le pouvoir en place jusqu’au bout. Les privilèges dont ils bénéficient dans l’économie nationale l’expliquent en grande partie. La militarisation du régime inquiète dans la région. Les souvenirs de régimes s’appuyant ou dirigés par des militaires est encore frais et douloureux dans de nombreux pays comme le Brésil, l’Argentine ou le Chili. En mai 2018, Maduro a été réélu président. L´opposition a boycotté le scrutin. Il a pris ses fonctions pour son second mandat en janvier 2019, ce qui explique la proclamation de Guaido.

Image associéeDepuis le décès d’Hugo Chavez en mars 2013, son pays est en perdition.

La situation géopolitique de la région a changé. Si au début des années 2000, Chavez pouvait compter sur le soutien de Lula et des Kirchner ; désormais, le Brésil et l´Argentine, leaders du MERCOSUR, sont dirigés par des présidents de droite, Macri et Bolsonaro. Mais quel impact pour le Maroc ?

En janvier 2009, sous Chavez, le Maroc avait rappelé son ambassadeur et annoncé la rupture de ses relations diplomatiques avec le Venezuela, suite aux mesures de soutien à la pseudo-RASD (le Venezuela reconnait depuis 1983 la pseudo-RASD). Puis, de nombreuses passes d’armes ont eu lieu à l’ONU entre les représentants des deux pays, Omar Hilale et Rafael Ramírez, au cours des dernières années.

Mais coup de théâtre, cette semaine, Manuel Avendano, conseiller en affaires étrangères de l’Assemblée nationale vénézuélienne, organe contrôlé par l’opposition, a affirmé que Juan Guaido, œuvrera à rétablir les relations diplomatiques avec le Maroc et que le gouvernement Guaido soutiendra le processus politique mené sous l’égide des Nations Unies en vue d’un règlement pacifique et mutuellement acceptable concernant la question des Provinces du Sud, dans une déclaration à la MAP.

Quel avenir pour les relations bilatérales sur le long terme ? Cela dépendra en grande partie de la suite des évènements dans ce pays. De l’avenir de Maduro dépend en grande partie l’avenir de notre relation avec Caracas. Quoi qu’il en soit, l’Amérique latine connait des changements politiques importants et le Maroc se doit de se positionner, comme il a su le faire en Afrique.

 

 

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