Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.
Président de la France entre 1974 et 1981, Valéry Giscard d’Estaing a pu bénéficier des relations « nouvelles » mises en place par son prédécesseur Georges Pompidou (1969-1974) avec les trois pays du Grand Maghreb. Mais les liens les plus solides et les plus amicaux ont sans conteste été avec Feu Hassan II.
Rappelons qu’il a consacré l’un de ses premiers voyages à l’étranger au Maroc en mai 1975, ce qui en a fait le premier président français à se rendre au Maroc après l’indépendance. Il est décédé le 2 décembre. Rappel synthétique de la relation bilatérale durant son septennat, marquée par le début du conflit au Sahara.
A son arrivée au Maroc il affirma: «je me sens personnellement honoré, et pourquoi ne le dirais-je pas, un peu surpris que les enchainements de l’histoire me conduisent à être le premier président de la république française à rendre visite au Maroc indépendant et a son roi». Giscard apporta son soutien au Maroc concernant la question nationale. Sa visite s’est tenue quelques mois avant la Marche verte.
Pourtant, certains craignaient qu’il privilégie le voisin de l’Est du fait de sa visite un mois auparavant à Alger, la première également depuis l´indépendance acquise en 1962. Il n’en sera rien. « La page est tournée », affirma pourtant Houari Boumediene. Son soutien sans réserves au Maroc au moment de la Marche verte tua dans l’œuf ce début de réconciliation. Giscard recevra le Roi à deux reprises (en 1976 et 1979). Jacques Chirac, alors Premier ministre, confia que le dossier du Sahara occidental est directement géré par le président.
Précisons également que cette époque fut marquée par des relations compliquées entre le Maroc et les États-Unis du fait de la réticence du président Jimmy Carter à livrer des armes au Royaume alors qu’il faisait face militairement à l’expansion communiste en Afrique et plus précisément au Zaïre. De plus, Carter et Vance (son secrétaire d’Etat) se sont déclarés neutres lors du conflit du Sahara.
En 1982, le Roi Hassan II dira : «je suis l’ami de Valéry Giscard d’Estaing et le resterai, car je suis fidèle dans mes amitiés ; je serai l’ami de monsieur Mitterrand et le resterai, mais ce sera difficile qu’il devienne mon copain».
Ainsi, Giscard fut un très bon “copain” lors de cette période difficile pour le Maroc.