#EditoDeMexico 94 : L’Espagne et le Sahara marocain, une relation toujours complexe

Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.

Alors que les agissements du Polisario, ces dernières semaines, représentent une violation du droit international, Pablo Iglesias, 2e vice-président du gouvernement espagnol, a écrit, sur son compte twitter que le Conseil de sécurité des Nations Unies, dans sa résolution adoptée le 13 janvier 1995, «réaffirme son engagement à organiser, sans plus tarder, un référendum libre, juste et impartial pour l’autodétermination du peuple du Sahara occidental». Il prouve une fois de plus sa volonté de nuire au Maroc et aux relations bilatérales avec son pays.

Sa collègue Arancha Gonzalez Laya, ministre des Affaires étrangères, lui a répondu : “Au sein d’un gouvernement de coalition comme le nôtre il peut y avoir des opinions différentes et des sensibilités différentes. Toutefois, notre position sur la question du Sahara demeure inchangée. Il s’agit d’une politique d’Etat”. Cela fait écho à ses propos tenus en début d’année lorsqu’elle affirmait que la position de son pays sur ce dossier «est une politique d’Etat qui n’est pas tributaire des changements de gouvernements ou de coalition». La pression vient d’une partie de la société civile et de Podemos, le parti d´extrême-gauche dirigé par Iglesias. Rappelons que Nacho Alvarez, Secrétaire d’État chargé des Droits sociaux, issu de Podemos a reçu des représentants du Polisario il y a quelques mois. Au Parlement européen et aux Cortes (parlement espagnol), ce parti milite contre les intérêts marocains.

L’Espagne soutient-elle la proposition marocaine d’autonomie ? Ses deux grands partis sans aucun doute. En 2008, le chef du gouvernement socialiste José Luis Rodríguez Zapatero affirma que ce plan était une « contribution positive ». En 2012, le ministre des Affaires Etrangères de droite, José Manuel García-Margallo, a soutenu la réprobation marocaine à l’encontre de Christopher Ross, l’envoyé personnel de Ban Ki-Moon.

En 2014, l’Institut royal Elcano, principal think-tank (centre de recherches) de ce pays, écrivait qu’un nouvel État n’était pas viable au Sahara ajoutant même que l’Espagne devait avoir un rôle plus actif en faveur d’une « autonomie authentique ».

Madame Gonzalez Laya avait déjà dit que « la politique extérieure de l’Espagne est fixée par le ministère des Affaires étrangères en coordination avec le président du gouvernement ». Pablo Iglesias sait donc ce qu’il lui reste à faire: se taire.