Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.
L’élection présidentielle aux États-Unis a été marquée par une mobilisation historique avec 66% de participation. Malgré ses 70 millions de suffrages (soit le plus grand nombre de voix jamais obtenu par un Républicain), Donald Trump semble devoir céder son siège à la Maison Blanche, même s´il ne s’avoue pas vaincu et souhaite contester les votes par correspondance devant les tribunaux. Dans tous les cas, les Républicains maintiennent leur majorité au Sénat, ce qui pourrait limiter la marge de manœuvre de Joe Biden.
La tendance est de dire que le Royaume a eu des difficultés avec les Démocrates. Bill Clinton (1993-2001) a été une exception du fait de la relation personnelle qu’il entretenait avec Feu SM Hassan II. Néanmoins, la complexité institutionnelle du système américain empêche les généralisations, tout comme la coopération bilatérale qui a atteint un niveau important. Avec la victoire de Joe Biden, des réseaux hostiles aux intérêts du Royaume risquent de se remobiliser sur la question nationale du Sahara.
Le lobbying sera primordial. Celui du Maroc auprès des membres du Congrès continuera à être important. Au sein du Sénat, les séparatistes ont des relais comme le Républicain Lindsey Graham. En dehors, Mary Kerry Kennedy, présidente de la Fondation Robert F. Kennedy, en est un autre. Il sera intéressant de voir si elle obtient un poste au sein de l´Administration Biden.
Une note optimiste. La continuité que l´on doit espérer et qui est souhaitable. L´actuel Secrétaire à la Défense, Mark Esper, a affirmé en octobre que “le Maroc demeure un partenaire curcial pour les États–Unis sur un large éventail de questions sécuritaires”. La résolution 2548, datant du 30 octobre, est une bataille de plus gagnée par le Maroc car elle consacre la prééminence de l’initiative marocaine d’autonomie. L´Administration Trump y est donc favorable.
Les Etats-Unis ont affirmé que la proposition marocaine est « sérieuse, crédible et réaliste ». Cela sonne comme un avertissement au “polisario” car ils souhaitent que « l’ensemble des parties respecteront leurs obligations au titre du cessez-le-feu, coopéreront pleinement avec la MINURSO et s’abstiendront de toute action qui pourrait déstabiliser la situation ou menacer le processus onusien ».
Pour conclure, le plan proposé par SM le Roi Mohammed VI est la seule option permettant de concilier paix, stabilité et respect du droit international, ce qui la rend crédible. Son discours du 7 novembre a insisté sur ces différents aspects: “Au niveau des Nations Unies : les approches et les thèses dépassées et irréalistes ont été définitivement anéanties, lors de l’adoption des dernières résolutions du Conseil de sécurité. Ces récentes résolutions ont également confirmé la participation effective des vraies parties concernées par ce conflit régional et elles ont consacré l’irréversibilité de la solution politique, réaliste et consensuelle.
Cette orientation s’accorde avec l’esprit de l’initiative d’autonomie marocaine, soutenue par le Conseil de sécurité et les grandes puissances comme l’unique option logique pour régler ce conflit”. Souhaitons que Joe Biden puisse le comprendre durant les quatre prochaines années.