#EditoDeMexico 74 : L’ambitieuse politique marocaine en Amérique Centrale

Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.

La «coopération Sud-Sud» désigne l’échange de compétences entre différents acteurs (secteur public, secteur privé, société civile) dans les pays en développement. Ces derniers s’apportent une aide mutuelle par le biais de l´assistance technique et des investissements. Ses objectifs sont le renforcement des capacités, l’autonomie et le développement  des pays du Sud.

Sous l’impulsion de SM le Roi Mohammed VI, une politique étrangère efficace et volontariste a permis de gagner de nouvelles adhésions à la cause nationale. Une preuve de plus du soutien de la communauté internationale à l’approche pragmatique et constructive défendue par le Maroc, avec l’ONU pour cadre. En Amérique Latine et dans les Caraïbes, notamment, le Royaume a réussi, récemment, à rallier davantage de soutiens. Néanmoins, cette réalité impose une politique de rapprochement intelligente avec les pays qui composent cette entité géographique en perpétuelle mutation. La diplomatie marocaine commence à engranger les bons résultats du fait de son caractère offensif.

Pour accompagner cette dynamique diplomatique, une plus grande coopération culturelle, universitaire et économique est nécessaire. Entre Maroc et l’Amérique Centrale, il existe un partenariat à définir. Ce choix stratégique se veut porteur de projets concrets de coopération Sud-Sud.

Plusieurs accords de coopération ont été signés en 2019 par Nasser Bourita au Salvador, ce qui démontre la volonté d’inscrire cette coopération dans la durée. Il est important d’élaborer une stratégie multidimensionnelle pour répondre aux spécificités de l’Amérique latine, anticiper les évolutions des différents pays et comprendre leurs spécificités. L’Amérique centrale est structurellement différente Cône Sud. Une meilleure connaissance de ce sous-ensemble, souvent oublié, est primordiale afin de mieux défendre la stratégie marocaine. Il serait par exemple pertinent de développer la coopération universitaire entre le Maroc et les pays de cette sous-région. Mais pas seulement, Nayib Bukele, le président du Salvador, s’est engagé, au momento de son élection, à favoriser l’investissement dans l’industrie, le numérique et l’agriculture.

Le Royaume a une carte à jouer dans ces différents secteurs. Pas seulement au Salvador, mais également dans les autres pays d’Amérique Centrale. Le commerce extérieur marocain pourrait conquérir de nouveaux marchés que ce soit en ce qui concerne les produits agricoles, agroalimentaires, électriques, textiles et le phosphate. Cela permettrait au Maroc de rééquilibrer sa balance commerciale.