Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.
Le président américain a annoncé qu’un nouveau conseiller à la sécurité nationale Robert O’Brien, un diplomate qui a été chargé par le passé des affaires liées aux otages au département d’Etat. Il s´agit du quatrième et il semblerait que ce choix vise à rendre à ce poste son rôle traditionnel de coordinateur aux côtés du président.
Le limogeage de John Bolton intervenait dans un climat de tensions permanentes entre les Etats-Unis et l’Iran, comme nous l´avons écrit la semaine dernière. Selon Wayne White, ancien directeur adjoint du bureau des renseignements sur le Moyen-Orient auprès du département d’Etat américain, M. O’Brien apparaît, pour simplifier, comme « le contraire de M. Bolton » et « son impact sur la politique étrangère américaine devrait être un élément stabilisateur, par rapport à John Bolton, loquace et exigeant »,
Si Donald Trump a envoyé des signaux contradictoires, entre fermeté et volonté de négocier avec ce pays, la première épreuve à laquelle Robert O´Brien aura à faire face sera les tensions avec Téhéran. Mike Pompeo lui a imputé les attaques de drones menées contre les installations pétrolières saoudiennes mais ces accusations sont rejetées par l´Iran. Elles ont réduit de 5% la production mondiale.
En visite en Arabie Saoudite, il a déclaré que « c’était une attaque iranienne. Ce n’est pas venu des houthis » en évoquant un « acte de guerre » et assurant que « les équipements utilisés ne sont pas connus comme faisant partie de l’arsenal des houthis ». Mais ces derniers ont de nouveau revendiqué ces attaques et menacé de frapper « des dizaines de cibles » aux Émirats arabes unis, alliés des Saoud.
Précisons que l’Iran et les milices qu´il soutient au Yémen et en Irak” ont abattu un drone américain, ont percé des trous dans des pétroliers au large des ports émiratis, saisi un pétrolier britannique, attaqué des aéroports, des pipelines et des terminaux pétroliers, et ont désormais procédé à la plus grande frappe contre les gisements pétroliers saoudiens de l’histoire du Golfe” (D. Hearst, Middle East Eye).
L’Iran a développé une profondeur stratégique depuis des décennies et ne digère pas la decision de Trump de déchirer unilatéralement l´accord sur le nucléaire signé par Obama. On assiste donc à l´affrontemement de deux visions. La première menée par Rohani et Zarif (president et ministre des affaires étrangères) est de tenter de revenir à la table des négociations. La seconde soutenue par l´ayatollah Khamenei est de fermer la porte aux Américains, comme lorsqu´il a dit que « les autorités iraniennes, à quelque niveau que ce soit, ne parleront jamais aux autorités américaines (…), cela fait partie de leur politique consistant à faire pression sur l’Iran » à la télévision iranienne. Il a ajouté que les négociations ne pourraient avoir lieu que si les Etats-Unis revenaient à l´accord nucléaire de 2015.
Notons que la délégation iranienne qui devait se rendre à New York (pour préparer la venue de Hassan Rohani) n’a pas pu faire le voyage car ses membres n’ayant pas obtenu de visas. La situation est plus tendue que jamais mais Trump ne veut pas initier une guerre à quelques mois des élections présidentielles mais veut rester ferme. L´avenir de la région est plus que jamais incertain.