Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.
Le président américain a annoncé qu’un nouveau conseiller à la sécurité nationale entrera en fonction la semaine prochaine. Nommé en mars 2018, John Bolton était en désaccord sur de nombreux sujets avec le président. Il se trouve que ce poste est stratégique et qu´il doit permettre au président de mettre en musique sa politique étrangère. Les désaccords étaient trop nombreux entre les deux. Trump n´est pas un idéologue et ne semble pas favorable aux interventions armées. Bolton l´est. Trump est favorable à une pression politique doublée de sanctions économiques (contre Pyongyang et Téhéran par exemple) que l´on peut appeler stratégie de la «pression maximale».
Pour le Maroc, son départ est une bonne nouvelle, car il n’a jamais caché sa proximité avec l’Algérie et le Polisario. Rappelons qu´il est à l’origine de la réduction du mandat de la MINURSO.à seulement six mois au lieu d’un an. Il faut désormais attendre la nomination du futur conseiller à la sécurité nationale pour en savoir plus. Il sera intéressant d´étudier son profil, ses réseaux et ses déclarations passées. Néanmoins, d´autres acteurs sont à prendre en compte comme le Département d´Etat, le Pentagone et le Congrès. Le conseiller à la sécurité nationale a une place importante mais n´a pas l´exclusivité du traitement du dossier du Sahara marocain.
Pour bien comprendre l’évolution du rôle du National Security Council et de la place qu’il a depuis le 11 septembre 2001 il est nécessaire de faire un point d’Histoire. Sa création remonte au National Security Act de 1947. Sa mission est alors de conseiller le président américain et de coordonner l’action des différentes agences et les différents ministères. Mais très vite les présidents successifs s’en servent comme un instrument d’exercice du pouvoir. Au départ organe devant promouvoir l’équilibre au sein de l’administration présidentielle, il a fini à de nombreuses reprises par être celui qui divise et bloque le bon fonctionnement de ce même exécutif. Le National Security Council est devenue une administration composée à la fois de fonctionnaires en dépendant directement, de fonctionnaires d’autres ministères, de militaires et même d’universitaires. Il est sous l’autorité du conseiller pour la Sécurité Nationale. Sa force est d’être au centre des différentes questions liées à ce dernier thème, à la diplomatie, au renseignement et aux questions économiques les plus sensibles. Sa petite taille lui donne souplesse et réactivité ce qui plait aux présidents. Ils n’ont pas à subir les lourdeurs administratives causées par la multiplicité des acteurs, des procédures et des services ou directions qui peuvent composer un ministère comme le Département d’Etat par exemple.
Malgré tout, les relations bilaterales sont bonnes. Le Royaume a discuté de plusieurs contrats d´armement avec Washington, a rompu ses relations avec Téhéran et a reconnu Juan Guaido, président par intérim du Venezuela. Trois décisions qui sont bien vues par Washington.
De manière plus globale, les néoconservateurs soutiennent Trump par nécessité. Nous verrons si le depart de Bolton change la donne. Ces « va-t-en guerre » n´ont jamais vraiment aimé Trump, le considérant trop centré sur le pays avec son “America first”. Leur influence, au sein des cercles de pouvoir, a diminué en comparaison avec les deux mandats de G.W Bush. Mais ils demeurent puissants du fait de leurs réseaux médiatiques (Fox News, The Weekly Standard, The New Republic), universitaires (American Enterprise Institute et le Project for The New American Century) et de leur poids au sein du Parti Républicain (Rubio et J. Bush).