AccueilDéveloppement#EditoDeMexico 28: Le discours royal ou la nécessité d´un développement inclusif

#EditoDeMexico 28: Le discours royal ou la nécessité d´un développement inclusif

Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.

SM le Roi souhaite engager le Royaume dans «une nouvelle étape». Son discours laisse entendre qu’un remaniement ministériel et des nominations importantes à des postes clés (administration centrale et administration déconcentrée plus entreprises publiques) aura lieu prochainement. Il souhaite voir de nouveaux profils émerger, en adéquation avec une gouvernance plus efficace basée sur la reddition des comptes et la prise en compte de l’évaluation régulière des politiques publiques. La technicité et le caractère managérial sont donc recherchés. Il souhaite un service public modernisé. Des profils plus jeunes et « originaux » devraient donc apparaître.

Le Souverain a insisté sur le nouveau modèle de développement qu’il souhaite mettre en œuvre. Une commission, avec des profils divers comme il l’a souligné, sera chargée de faire des propositions. La raison est simple. Si le Maroc a pu et su, sous son impulsion, moderniser ses infrastructures (autoroutes, ports, aéroports, tgv), il reste néanmoins à consolider un modèle de développement plus efficace en terme de répartition des richesses et d’affectation des ressources budgétaires. Quelques heures avant le discours, le wali de Bank Al Maghrib, Jouahri, a indiqué que le taux de croissance en 2018 était de 3 % et que le taux de chômage, malgré un recul à 9,8 %, restait élevé. Le déficit budgétaire atteint 3,7 % du PIB. Des chiffres qui pourraient être bien meilleurs avec notamment la concrétisation, en cours, de la régionalisation avancée, qui permettrait de rapprocher les dépenses et les investissements du citoyen tout en rapprochant la responsabilité politique à travers les élus locaux.

Il a rappelé que les expériences internationales réussies en matière de développement étaient à prendre en compte, à travers le benchmarking notamment. L’annonce d’une commission pluridisciplinaire et composée d’acteurs du secteur public et du secteur privé démontre la volonté de traiter cette thématique centrale pour notre pays d’une manière globale.

SM le Roi a annoncé sa volonté de voir se mettre en place de nouveaux plans sectoriels après la réussite du Plan Maroc Vert ou celui dédié aux énergies renouvelables. Il sera nécessaire de lier ces futurs plans à la stratégie de développement. Il faudra identifier les secteurs à renforcer comme l agriculture et les énergies renouvelables précitées, mais également identifier les secteurs générateurs de croissance et d’emplois pour l’économie nationale. L´éducation et la formation professionnelle doivent être au centre de la nouvelle stratégie, bien évidemment. Les partenariats public/privé restent un outil utile, à condition d´en maitriser les subtilités.

Pour les mettre en œuvre, une nouvelle génération de managers publics est à promouvoir, comme l’a rappelé SM le Roi. Il souhaite engager le Royaume dans « une nouvelle étape » au moment où nous fêtons ses vingt ans de règne. Si le bilan est extrêmement positif en matière d’infrastructures et de grands projets, le chef de l´Etat a demandé au gouvernement d’engager de nouvelles réformes afin de répondre aux attentes et nécessités du peuple marocain. Le discours royal démontre une volonté de moderniser le système de gouvernance afin de le rendre plus efficace et plus efficient. L´analyse, la mise en œuvre et l´évaluation des des politiques publiques doivent donc se professionnaliser, obligatoirement.

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