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#EditoDeMexico 22 : La disparition de Mohamed Morsi ou les contradictions occidentales dans le processus de démocratisation en Egypte

Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.

Le président Mohamed Morsi, emprisonné depuis six ans est mort au cours d’une comparution au tribunal, lundi dernier. Officiellement du fait d’un malaise. Il avait 67 ans. Il fut enterré rapidement dans la banlieue du Caire, suite au rejet de la justice égyptienne de prendre en considération la demande de sa famille de le voir reposer au sein de sa région natale, le gouvernorat d’Ach-Charqiya, au nord-est de l’Égypte.

Tout cela nous fait nous poser un certain nombre de questions concernant l’Egypte. Ce pays vit depuis 1952 sous l’autorite des militaires. Et finalement son seul leader élu démocratiquement fut Mohamed Morsi. L’expérience dura un an. Puis le coup d’Etat de Sissi y mis fin et s’ouvra depuis lors une nouvelle page de l’Histoire du pays, sanglante. Un retour en arrière.
Naguère presenté par certains comme leader du monde arabe, ce pays ne pèse plus sur le plan regional. De plus, sa situation économique et sociale ne cesse de s’aggraver. L’Histoire jugera gravement les dirigeants égyptiens.

Le bureau des Droits de l’Homme de l’ONU réclame une enquête « minutieuse et indépendante ». Déjà l’an dernier, une commission parlementaire britannique avait condamné son maintien à l’isolement 23 heures par jour et des conditions de détention pouvant « relever de la torture ou du traitement cruel, inhumain ou dégradant ». Amnesty International a demandé aux autorités égyptiennes une « enquête immédiate » sur sa mort. Human Rights Watch, via sa directrice pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Sarah Leah Whitson, a critiqué le gouvernement.

Il n’est pas le seul membre de la confrérie mort en prison. Des défenseurs des droits de l’Homme ont récemment accusé les services égyptiens d’avoir présenté des corps de terroristes abattus dans le Sinaï des dépouilles de détenus morts en prison. Certains étaient issus de la confrérie.

Mohamed Morsi, candidat par défaut à l’élection présidentielle, a connu une triste fin. Khairat al-Chater, devait représenter les Frères Musulmans en 2012, mais ayant fait de la prison, sa candidature avait été rejetée par le Conseil suprême des forces armées.
Quid de l´UE et des Etats-Unis depuis le coup d´Etat? Pas un mot. Et en ce qui concerne les conditions d´incarcération de Morsi et des siens? Silence radio. Cela prouve la duplicité du discours occidental concernant la démocratie. En 2011, Américains et Européens applaudissaient et encourageaient le processus appelé “printemps arabe”. Mais lorsque les Egyptiens ont choisi Morsi un an après le discours a changé. Une certaine prudence se fit ressentir. Puis lorsqu´il fut évincé, aucun soutien. Tout cela démontre le peu de sincérité des encouragements initiaux. L’expérience démocratique égyptienne a en fait été une parenthèse qui semble avoir été refermée pour longtemps.

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