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#EditoDeMexico 19 : Une crise de gouvernance se profile-t-elle suite aux élections européennes? Quelles conséquences pour le Maroc?

Chaque semaine, retrouvez l’Edito de Mexico sur DiscoveryMorocco.net dont l’auteur est Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM .

En France, les élections européennes voient se solidifier une polarisation, voulue par Emmanuel Macron, entre LREM et le RN. La crise que connait la France depuis plus de six mois semble sans fin et a mis à mal le quinquennat d’Emmanuel Macron du fait de son caractère spontané et de l’absence de sens politique de ce dernier. Beaucoup ont vu dans cette élection intermédiaire un “référendum” anti-Macron.

Au niveau européen, on assiste à une montée en puissance des partis d’extrême droite et des souverainistes de droite avec 171 députés. Ils ne sont plus très loin du PPE (droite) et ses 180 sièges. Néanmoins, ils ne devraient pas siéger dans un seul groupe, ce qui les affaiblira sur la durée. De plus, il existe de nombreuses divergences entre eux, notamment sur le plan économique et en ce qui concerne la relation à Washington et Moscou. Certains sont atlantistes quand d´autres sont pro-Poutine (Duda/Orban). Le seul point de convergence est la double hostilité à l´Islam et aux migrants. Et meme sur ces questions, leurs réponses divergent. Pour finir, ils sont encore loin des 376 élus nécessaires pour obtenir une majorité absolue dans l’hémicycle.

Au Royaume-Uni, le Parti du Brexit de Nigel Farage, qui n´a que six semaines d´existence, est arrivé avec 31,8% des voix, devant les libéraux-démocrates (18,55%), le parti travailliste (14,05%) et le parti conservateur (8,71%). Si le Brexit devenait effectif, cela affaiblirait les eurosceptiques qui perdraient ving-huit députés. Si le Royaume-Uni venait à rester membre de l´UE, il ne sera pas simple pour Marine Le Pen et Salvini de compter sur le soutien du nouveau parti de Nigel Farage. Ce dernier a quitté l´UKIP, car il refusait d’être associé à l’extrême droite.

Le parlement semble fragmenté. Il sera difficile de construire une majorité et d’élire le président de la Commission. L’UE est plus que jamais en crise.

Depuis le traité de Lisbonne de 2007, le Conseil européen doit prendre en compte les élections au Parlement européen au momento de désigner le président de la Commission. Ainsi, Jean-Claude Juncker, qui fut le candidat du PPE en 2014, a obtenu sa nomination du Conseil européen. Du fait de la répartition des sièges au sein de la nouvelle assemblée, il sera difficile de construire une majorité coherente et de proposer un nom consensuel.

L´ensemble de ces éléments expose l´UE à des blocages et à la poursuite de sa perte d´inflluence sur le plan international. Tout cela favorise les Etats-Unis, la Chine et la Russie.

Le Maroc doit envisager de nouvelles strategies de négociations avec l´UE sur les différents dossiers importants (Sahara, commerce, agriculture, migrations, sécurité). Peu importe la Commission désignée, le Royaume se doit de definir les contours de la relation qu´il souhaite avec ses voisins du nord de la Méditerranée et mettre en place une stratégie proactive. Le but étant de ne pas subir les aléas de la politique européenne. Celle-ci s´annonce difficilement previsible.

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