ÉCRIRE DE NOUVELLES HISTOIRES COLONIALES

Abdelkrim rejetant les Espagnols, en 1921, bataille d'Anoual, lors de la guerre du Rif. (Archives nationales d'Outre-Mer)

En revisitant le passé colonial marocain (Maghraoui 2013) décrit par Jonathan Wyrtzen, contribue à une récente vague de recherches qui réexamine la période coloniale de l’Afrique du Nord selon ses propres termes afin de mieux comprendre les trajectoires historiques plus longues.

Il souligne:

1) Cette intervention coloniale représentait une rupture historique fondamentale qui ne peut être ni parenthèse, mais doit être intégrée à notre compréhension du Maroc contemporain.

2) que la compréhension de cette rupture nécessite une approche historique interactionnelle plutôt que descendante ou ascendante.

En ce qui concerne le premier point, en particulier pour un cas comme le Maroc, qui a une très longue histoire politique, les continuités pré et postcoloniales ne sont pas sans importance. Dans une vague initiale d’histoires nord-africaines écrites par les élites nationalistes avant et après l’indépendance, l’objectif politique et apologétique sous-jacent de la « décolonisation de l’histoire » (Sahli 1965) était de défendre l’unité historique et la continuité de l’érudition coloniale nationale. Comme Edmund Burke III l’a noté, cette orientation a également été exprimée de manière plus subtile dans les classiques suivants, y compris des explications segmentaires de la structure politique.

La tâche inachevée pour le Maroc, et pour de nombreux autres cas, consiste à rédiger de nouvelles histoires coloniales à la fois postcoloniales et post-nationalistes qui ne reproduisent pas les hypothèses téléologiques dans l’un ou l’autre, mais capturent plutôt la complexité, les contingences, les nuances et les contradictions exprimés au cours de cette période de transition critique.

Comme le remarque Burke, il est nécessaire non seulement de produire une compréhension plus précise de la période coloniale elle-même, mais également de mieux comprendre le présent: « à moins de réimaginer l’histoire coloniale comme existant à part entière, les récits axés sur le progrès qui ont fonctionné jusqu’à présent ne nous permettront pas d’acquérir une compréhension intellectuelle des histoires postcoloniales. »