La RAM (Royal Air Maroc) a annoncé qu’elle reliera la capitale économique marocaine avec l’aéroport Mohammed V et la capitale administrative chinoise avec l’aéroport Pékin-Daxing. Le vol sera assuré par les nouvelles acquisitions de la compagnie aérienne, les B787-9 Dreamliner, qui feront le trajet en 13 heures. Ces avions de du constructeur aéronautique Boeing ont une capacité de 302 sièges (dont 26 business). Trois vols aller-retour par semaine sont programmés.
Le Président Directeur Général de la RAM a exprimé la fierté de sa compagnie à offrir une nouvelle possibilité à ses usagers, notamment en Asie, après avoir opéré la création de liaisons directes avec le Qatar, l’Arabie Saoudite, le Liban et la Jordanie. Hamid Addou rajoute « qu’elle [la nouvelle liaison] nous permettra de répondre à un besoin fort exprimé par les opérateurs économiques des deux pays et participera à renforcer davantage les relations commerciales et économiques entre le Maroc et la Chine ».
Il faut souligner que cette décision s’inscrit dans une stratégie de séduction de la part des autorités marocaines, vis-à-vis du marché porteur des touristes chinois, qui est le premier marché émetteur avec 150 millions de voyageurs annuels. Cette volonté s’est fait en réaction à l’inaccomplissement de l’objectif 2020 fixé par le roi Mohammed VI et l’Office nationale marocain du tourisme qui tablé sur une entrée de 20 millions de touristes par an ; seuls 12,5 millions d’arrivées ont été comptabilisées en 2018.
Le premier acte de ce projet s’est fait lors de la visite du souverain marocain en Chine, où il a été décidé de supprimer les visas pour les Chinois en voyage au Maroc. Plus récemment, on a pu assister à la signature d’une pléiade de contrats entre acteurs économiques marocains et chinois, notamment entre l’ONMT (Office national marocain du tourisme) et la CTRIP, qui est la plus grande agence de voyages en ligne en Chine, avec 300 millions d’utilisateurs actifs et 4 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Ces avancées ont permis de faire passer le nombre de touristes chinois au royaume chérifien de 10 000 en 2015 à 132 000 en 2018. L’ONMPT espère à terme attirer 500 000 visiteurs chinois par an, et permettre par là une augmentation des recettes liée au tourisme, car les touristes chinois sont réputés dépensiers et ayant un fort pouvoir d’achat.
Mais il me semble essentiel d’alerter que le tourisme est un secteur extrêmement fluctuent, et qu’un pays comme le Maroc ne doit pas compter sur le tourisme comme fondement de son économie structurelle. Du fait premièrement de l’image que le Maroc subit à l’étranger, qui est essentiellement bonne, mais qui subit un amalgame constant avec les autres pays arabes. Le printemps arabe et ses conséquences coïncident avec la stagnation des entrées touristiques au Maroc. Le tourisme doit être pris comme une chance de développement afin de construire un écosystème purement marocain, comme l’a exprimé le roi lors de son discours à l’occasion de l’anniversaire de la révolution du roi et du peuple, qui repose sur des acquis essentiels comme l’éducation, la santé et la justice, qui permettront si le peuple marocain y met la volonté l’épanouissement d’un esprit marocain, qui sera le signe d’une civilisation marocaine rayonnante.