Qui dit Marocain, dit forcément notre dialecte Marocain ou comme on le prénomme par « Darija Marocaine ». Pourvu que notre culture est diversifiée à partir de plusieurs langues différentes, après le protectorat Français, la langue française a été répandue elle aussi, pour devenir une partie de notre quotidien. Admettons que pour parler Français couramment est une langue dédiée pour la classe dite bourgoisie.
Nous restons ainsi, un pays en pleins chantiers sur tous les niveaux, qui malheureusement par rapport à son identité linguistique nationale, est toujours entrain de se rechercher.
Que nous soyons Amazigh, Arab, Juifs Marocains, on a tous un seul dialecte qui nous unis: Darija. Mais la chose que nous n’avons jamais posé, c’est celle des origines. La Darija, en bref, d’où vient-elle? Qu’elle est son histoire?
La Darija Marocaine est-elle un dialecte Arabe?
La réponse vient du professeur Mohamed Boudehan avec son excellent article de fond très détaillé publié dans le journal Marocain Tawiza de Février 2010, où Mr. Boudehan démontre que la Darija marocaine non seulement n’est pas un dialecte arabe mais surtout et à la surprise de tout le monde, que la darija marocaine est un dialecte amazigh. Il se contente de traduire la conclusion de cette étude sur l’arabité ou l’amazighité du Darija marocaine:
«En conséquence, la Darija marocain est une langue amazighe vue que sa naissance historique initiale est dans un pays amazighe(le Maroc) et Il faut donc la considérer comme une langue amazighe qui se caractérise avec une amazighité intégrale.
Afin de la différencier de la langue amazighe conventionnel, il est préférable de la surnommer «Tamazight Darija» ou «Tamazight populaire» est une nomination qui convient absolument, vue que la majorité des marocains maitrisent cette «Darija Amazighe» et se communiquent avec.
La langue nationale des marocains est donc Tamazight, sois dans sa variété connue ou dans l’autre forme connues sous le nom de «Darija». »
Ses Variantes:
Les différentes variantes de l’arabe parlées au Maroc peuvent être classées selon deux catégories : parlers hilaliens et parlers non-hilaliens (citadins et montagnards):
- Parlers hilaliens:
- Parlers urbains d’origine bédouine: parlers urbains du Tamesna (Chaouia, Doukkala, Abda, Gharb, Tadla, Chiadma, Rehamna).
- Parlers orientaux: parlés à Oujda et dans une partie de la région orientale.
- Nouveaux parlers urbains du Maroc (koinés urbaines, dominante hilalienne), résultant des mouvements de migration vers les villes au XXe siècle.
- Parlers nomades d’origine bédouine (Hassanya): parlers hilaliens « Maqil » parlés à Guelmim, Tarfaya, Mhamid el Ghizlane.
- Parlers non-hilaliens:
- Parlers citadins purs (Hadari): Parlers anciens de Rabat, Fès, Tétouan, Taza, Salé, Sefrou ; on y retrouve quelques emprunts lexicaux à la langue espagnole et une forte influence de l’Arabe andalou.
- Parlers montagnards (ou pré-hilaliens): Parlés dans le Rif occidental et méridional et dans les plaines du nord-ouest du Maroc par les Jbalas (Sanhajas et Zenatas), les Ghiatas, les Maghraouas, les Meknassas, la majorité des Ghomaras ainsi qu’une partie des Sanhajas de Srayr.
- Parlers citadins d’influence montagnarde: Parlers anciens de Tanger, Larache, Ouezzane, Chefchaouen ; on y retrouve également quelques emprunts lexicaux à la langue espagnole et une influence de l’Arabe andalou aussi.
- Parlers citadins d’influence bédouine: Parlers anciens de Marrakech et Meknès.
- Parlers judéo-marocains : Parlers des communautés juives du Maroc.
Les mots Marocains:
Les mots ou en général le dialecte Marocain est proche de l’algérien, du tunisien, du libyen et du hassaniyya. Elle a été influencée par les langues espagnole, portugaise, française, berbères ainsi que par le latin (Langue romane d’Afrique) et légèrement par l’italien et par le turc.
« Parlers Hilaliens », cela veut dire quoi?
Les parlers hilaliens sont un ensemble de dialectes arabes du Maghreb, où ils ont été introduits lors des invasions hilaliennes, entre les XIe et XIIe siècles, ainsi que l’implantation ultérieure de certaines tribus hilaliennes dans les plaines du Maghreb occidental . Ils ont supplanté dans diverses aires les parlers locaux, berbères ou pré-hilaliens.
Les parlers hilaliens sont répartis sur une large aire allant des plaines atlantiques du Maroc (Doukkala, Chaouia, Gharb) et de Mauritanie (parlers Hassaniya) jusqu’en Libye (Cyrénaïque) et les oasis de l’Ouest égyptien, en passant par l’Oriental marocain, les Hauts-Plateaux et le littoral algériens (hors Kabylie et Aurès), la Tunisie et la Tripolitaine. Néanmoins, plusieurs enclaves pré-hilaliennes existent dans cet espace, notamment les villes aux parlers citadins (tel Fès, Rabat, Tlemcen, Constantine ou Tunis) et les espaces aux parlers villageois (Traras, Babors et Sahel tunisien).
Les parlers hilaliens modernes sont répartis au sein de quatre familles:
- Parlers Sulaym, dans le désert libyen et dans le sud de la Tunisie ;
- Parlers Hilal orientaux, dans le centre de la Tunisie et l’est de l’Algérie ;
- Parlers Hilal centraux, dans le centre et le sud de l’Algérie ;
- Parlers Mâqil, dans l’ouest de l’Algérie et au Maroc.
Le dialecte Hassaniya, résultant de l’arabisation de la région par le clan mâqilien des Doui Hassan, est également à rattacher à la famille des parlers mâqils.
Ces parlers ont fortement influencé certains parlers citadins tel ceux de Tripoli et de Marrakech. Ils constituent également la base des koinès urbaines modernes des grandes villes maghrébines.
D’autres ont une autre définition propre du dialecte Marocain:
Comme elle le décrit, Selma El Maadani, dans l’une de ses articles nommé:« L’évolution des parlers au Maroc, Le dialectal marocain progresse, mais reste à standardiser. » :
C’est l’arabe dialectal marocain (A.D.M), «darija » est un terme qui désigne tous les
dialectes arabophones de toutes les régions du Maroc. Chaque pays arabophone a ses «darija » ou «‘àmmiyya ». Tous ces parlers régionaux de l’arabe marocain (ou «‘ arabiyya darija») ont un substrat à la fois amazighe (berbère) et arabe. Ce dernier rassemble des termes qui reflètent l’Histoire du monde arabe, avec une influence du parler des anciennes capitales, Damas et Bagdad, ainsi que l’Histoire des migrations des populations en Afrique du nord, entre autres, celle des nomades Hilaliens, venus du Yémen et des Andalous,
musulmans et juifs, d’origine arabe, amazighe ou ibérique, chassés d’Espagne après la Reconquista.
Elle décrit aussi que les parlers marocains comportent également beaucoup de termes issus du Coran, mais prononcés et interprétés très différemment de l’original. A titre d’exemple : l’expression coranique consacrée: [ bismillahi ar-‐rahmàni ar-‐rahim] (Au nom de Dieu le Clément le Miséricordieux), qui se prononce en marocain : [bsmellah r-‐rehman r-‐rahim] ; la première se lit ou se récite au début de chaque sourate du Coran ou discours à caractère officiel, la seconde est prononcée, en général, pour conjurer le mauvais sort.
Autre exemple de modification de sens et de prononciation d’expression consacrée lors des prières: [as-‐salàtu wa s-‐salàmu ‘alà rasùli l-‐làh] (Bénédiction et Salut soient sur l’Envoyé de Dieu), en dialectal marocain, on dit : [s-‐slà w s-‐slàm ‘là rasullah], prononcée généralement par les femmes, lors d’une cérémonie de mariage, baptême, circoncision, fêtes… et suivie d’autres formules consacrées puis de « youyous » et de chants. Sacré et profane s’entrelacent joyeusement.
Forcément, une éventuelle apparition du « Marocain » dépendrait, donc, de la normalisation de ce nouveau parler des jeunes marocains, toutefois, en dehors de ces cercles, les parlers régionaux gardent leurs spécificités. De plus, il y a une certaine résistance à ce nouveau parler, crée et adopté par des jeunes casablancais et leurs congénères marocains, résidant au pays et à l’étranger, car même les intellectuels qui défendent l’idée de la promotion de l’arabe dialectal marocain (A.D.M) et de l’amazighe considèrent que ce nouveau parler des jeunes casablancais est un argot, et que la normalisation devrait être d’un niveau soutenu (châtié), avec la prise en compte des autres niveaux de langue : familier et argotique, à répertorier dans des dictionnaires de ces langues. Ce nouveau parler des jeunes, en effet, inclut, en partie, un sociolecte, rappelant quelque peu le sabir en Algérie coloniale, qui comporte un nombre incalculable de néologismes et d’emprunts, dont beaucoup sont des troncations, polysémiques de surcroît, et, partant, prêtant à confusion. Et l’A.D.M, comme toute langue, comporte des niveaux de langues bien distincts. Ce qu’elle a affirmé Selma El Maadani dans son article.
Elle finit par démontrer qu’on doit défendre le dialectal (A.D.M), tout comme l’amazighe, non pour exclure d’autres langues pratiquées au Maroc (l’arabe moderne standard ou le français…), mais parce que, comme toute langue, l’arabe dialectal marocain véhicule une culture et constitue un patrimoine oral que nous sommes tenus de sauvegarder: c’est une richesse et une source d’inspiration pour les artistes, les gens de lettres ; c’est un corpus vivant, en perpétuelle évolution, pour les chercheurs en sciences humaines et sociales, et elle s’impose, par la fréquence de l’usage, en tant que première langue de communication orale de la grande majorité des jeunes marocains. Pour l’instant, la majeure partie des écrits en A.D.M. sont des transcriptions, en A.P.I (alphabet phonétique international) ou en graphie arabe, de la littérature populaire de tradition orale, conservées dans les rayons de quelques bibliothèques et méconnues du grand public.
Sa standardisation et donc son usage « noble » devrait progresser d’une part sous la pression du nouveau parler des jeunes qui se répand dans tout le Maroc grâce aux médias et, d’autre part, sous la pression des travaux de recherche.