La recomposition des exportations marocaines

Sur base des données de l’Office des Changes, le Maroc exportait principalement des produits à faible valeur ajoutée en 1998. En effet, le Maroc disposait d’une industrie textile très forte et connecté au marché européen. Le textile représentait 35% des exportations marocaines, l’agriculture 22,8% et les produits dérivés des phosphates 11,7%.

Sur cette période, les produits de faible valeur ajoutée ont laissés place aux produits innovants, de plus forte valeur ajoutée suite aux réformes industrielles mises en place par le Royaume.

Quels sont les changements qui ont marqué la période 1998-2015 ?

a) La concurrence chinoise et la modeste reprise du secteur textile :

Les parts du marché du Maroc ont subi une importante chute suite à la concurrence de plusieurs pays asiatiques où la compétitivité-coût était beaucoup plus importante. En effet, le Bangladesh, la Chine, le Viet-Nam et le Cambodge ont misés sur le textile comme première base industrielle avec des monnaies très faibles et des salaires

Le Maroc a donc connu une baisse massive d’emplois dans le bassin central où les industries textiles étaient concentrées. Afin de sauver l’industrie textile, le Maroc a misé sur une compétitivité basé sur des produits plus innovants, des produits de meilleure qualité pour profiter de sa proximité avec le marché européen. Le Royaume arrivera cette année à reprendre la place de 3ème fournisseur textile de l’Union Européenne derrière le Cambodge et le Viet-Nam mais en surpassant des pays spécialisés de la région comme la Tunisie, l’Egypte et certains pays asiatiques où le salaire minimum ne cesse d’augmenter.

b) Le recul du marché des phosphates :

Le marché des phosphates a connu une baisse suite à la chute du cours/tonne. Le phénomène est dû tout simplement à l’augmentation de la production mondiale par rapport à la demande. De plus, la Chine a dépassé le Maroc en terme de production mais pas en réserve, c’est pourquoi le Maroc a perdu des parts de marchés dans la vente de sa principale ressource naturelle. La Chine et les Etats-Unis n’arriveront plus à produire autant de phosphates et de produits dérivés, ce qui démontre que le Maroc sera dans une position de monopole. Certains analystes parlent même du nouveau pétrole où des guerres peuvent survenir pour le contrôle de ces ressources indispensables (phosphate et potasse) pour le bon fonctionnement de l’agriculture dans un contexte de crise démographique

c) La création de zones industrielles (franches et logistiques) : création de valeur ajoutée et démarrage de la recomposition de l’export

Afin de limiter l’évolution des importations en biens d’équipements et énergie, le Maroc a mis une double stratégie : être indépendant énergiquement et augmenter la part des exportations de produits à haute valeur ajoutée.

La stratégie Morocco 2050 vise à faire du Maroc, une plateforme incontournable de l’énergie renouvelable au Maroc avec un taux de 100% (52% en 2030). En effet, les importations d’énergies représentent une lourde source de sorties de devises pour le Royaume, le but étant de pouvoir consommer marocain et de pouvoir réexporter les surplus d’énergies dans des pays européens. Cette ambition a été salué par l’UE en particulier le Portugal, l’Espagne, l’Allemagne et la France qui seront les futurs clients de l’énergie marocaine (ex : connexion électrique entre Maroc et Portugal). La stratégie du gaz dévoilée dans un de nos précédents articles témoigne de la pertinence du Royaume de limiter la dépendance énergétique.

Grâce aux zone franches et logistiques, le Maroc met en place tout un réseau d’équipementiers, assembleurs, constructeurs de voitures, moteurs d’avions, câblages qui fait en sorte que l’automobile devienne la première source de rentrées de devises. Aujourd’hui, 35% des exportations marocaines sont considérés comme des produits de forte valeur ajoutée. Ainsi, le Maroc peut à terme dégager une balance commerciale positive et redynamiser un plan de croissance qui dépendrait de la demande interne et externe en s’ouvrant à d’autres marchés émergents (pas uniquement l’UE).