Le chômage des jeunes : Cette épine dans les pieds du Maroc

Alors que le Maroc souhaite pérenniser un modèle socio-économique stable dans la mondialisation, le Royaume semble se faire rattraper par « ses vieux démons ».

Selon le Haut-Commissariat au Plan, les jeunes diplômés sont les plus exposés au chômage de longue durée et structurel. Le taux de chômage des jeunes (15-24 ans) est estimé à 23% et leur taux d’activité est descendu en-dessous de la barre inédite des 50%, en 2015.

Le paradoxe du marché du travail marocain se résume comme suit : « Au moins tu es qualifié, au plus tu auras une chance de trouver un travail ». Comment expliquer ce paradoxe ?

On explique ce paradoxe par la structure économique du Maroc qui est encore une économie souffrant de plusieurs lacunes : économie dont la valeur ajoutée agricole est déterminante pour la croissance économique, corruption et économie de rente, créations d’emplois dans le BTP, l’agriculture, la forêt, la pêche (nécessitant peu de qualifications).

Ainsi, il se crée une inadéquation entre l’offre de travail (émanant des entreprises) et la demande de travail  (émanant des travailleurs). Les jeunes sont de plus en plus qualifiés mais les besoins actuels de l’économie marocaine et des entreprises sont encore concentrées autour d’activités nécessitant peu de qualification et des jobs mal rémunérées. Ceci explique pourquoi on retrouve ce phénomène de fuite des cerveaux, depuis le règne de Mohammed VI. Les jeunes préférant un travail qualifié et mieux rémunéré que dans le Royaume. La croissance économique reste encore en-deca de son niveau potentiel. En effet, selon la Banque Mondiale, le Maroc intégrerait le concert des nations émergents en investissant davantage dans son capital humain pour atteindre une croissance moyenne de 7 à 8% par an au lieu d’une croissance autour de 3-4%.

Le phénomène est également expliqué par les réticences des entreprises  à recruter les primo demandeurs et  leur préférence portée plus sur le travail non qualifié car faiblement rémunéré et non protégé.

Enfin, le chômage des jeunes touche toutes les couches de la société, y compris les familles aisées. Il affecte également beaucoup plus les filles que les garçons. Il n’épargne aucune région et s’installe dans les villes plus que les campagnes où l’instabilité sociale est grandissante.
Et quand ces jeunes trouvent une occupation, c’est à hauteur de 54% dans le secteur agricole et dans une moindre mesure les services et le BTP. Certains, faute de mieux, n’ont pas hésité à se recycler en aides familiales. Ils ont ainsi opté pour la précarité totale.