#EditoDeMexico 48 : Nos voisins maghrébins vivent des changements politiques en ce début 2020 !

Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.

Les premiers jours de 2020 montrent une situation intéressante au Maghreb. Si le Maroc observe l´évolution des travaux de la Commission sur le développement, nos voisins vivent des situations bien différentes. Nous l´avions évoqué dans le numéro de la revue NejMaroc d´octobre. Voici les dernières informations importantes.

Trois semaines après son élection, le nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune, a nommé hier son premier gouvernement composé de 39 membres. Le Premier ministre Abdelaziz Djerad est un pollitologue de 65 ans. 11 des 28 l’étaient déjà dans le gouvernement sortant ou dans ceux d’Abdelaziz Bouteflika. Le renouvellement exigé par le « Hirak » est donc plus que limité. La mort de Gaid Salah pose aussi la question de l´autonomie de cette équipe. La hiérarchie militaire la lui autorisera-t-il ?

En Tunisie, Habib Jemli a annoncé hier la composition de son gouvernement. Il lui reste à obtenir le vote de confiance de l’Assemblée. Jemli avait annoncé vouloir nommer un gouvernement de technocrates il y a quelques semaines mais il a renoncé. Ennahdha, parti majoritaire à l’Assemblée mais comptant seulement 52 sièges, il pouvait difficilement ne pas tenir compte de Rached Ghannouchi. Jemli a aussi été confronté aux rivalités partisanes avec un paysage parlementaire balkanisé. 42 portefeuilles, dont 14 secrétaires d’État, afin de pouvoir faire de la place à tout le monde…

En Libye, la régionalisation du conflit est plus que claire. Hier, le parlement turc a voté une motion autorisant l´envoi de soldats pour soutenir le Gouvernement d’accord national (GAN) de Tripoli, menacé par le maréchal Khalifa Haftar, qui dirige l´est du pays. Au nom de la défense des «intérêts de la Turquie dans le bassin méditerranéen et en Afrique du Nord» que la motion présidentielle justifie la decision. L´Egypte de Sissi, soutien d´Haftar, est vent debout contre cet envoi.

La situation est donc complexe dans ces trois pays, pour des raisons diverses. Le Maroc doit défendre ses principes sur le plan régional.

Lien du numéro de NejMaroc spécial “Maghreb” https://fr.calameo.com/books/00569609794069912df50