Mohamed Badine El Yattioui, docteur en Science Politique de l’université de Lyon (France). Spécialiste des questions de sécurité globale et de gouvernance globale, il enseigne à la UDLAP (Universidad De Las Américas Puebla) au Mexique et à l’Université Jean Moulin Lyon III. Il préside le think-tank NejMaroc, Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation qui publie une revue semestrielle et qui organise des événements dans différents pays et dirige le Séminaire Permanent sur le monde musulman (Observatorio sobre el mundo musulman) ILM.
La régionalisation avancée devient chaque jour une nécessité. Elle est l´une des clés de la réussite du “nouveau modèle de développement”. Au Maroc, les collectivités territoriales disposent de seulement 10 % des ressources publiques consacrées à l’investissement, alors que l’Etat et les entreprises publiques gèrent le reste.
L’organisation territoriale de l’Etat doit évoluer (déconcentration) et les collectivités locales doivent prendre une place plus importante (décentralisation). L’action publique souffre d’une crise de responsabilité. Les politiques publiques sont émiettées et peu efficaces dans les régions. Nous traiterons uniquement ici de la décentralisation. La reddition des comptes doit donc devenir systématique au plan local (comme au plan national).
La Banque Mondiale promeut une liste d’indicateurs de gouvernance qu’elle a regroupée en six catégories: voix et responsabilité; stabilité politique et absence de violence; efficacité du gouvernement; qualité de la réglementation; Etat de droit; Contrôle de la corruption (Indicateurs de gouvernance dans le monde).
Reconnaissons que le rôle de la Cour des Comptes (depuis la constitution de 2011) devient une pièce maîtresse parmi les différents organes de contrôle. Elle effectue un travail de contrôle des finances publiques et défend les valeurs de bonne gouvernance, de transparence et de reddition des comptes de l’Etat et des organismes publics.
La remise de ses rapports au Souverain est devenue un moment important de la vie publique du fait du limogeage de plusieurs ministres ces dernières années. La stature de son président, Driss Jettou, y est pour beaucoup. Il est un symbole de rigueur et de sérieux.
Cette semaine six présidents de communes (Safi, Khemisset, Chichaoua, Marrakech, Tétouan, Kénitra et Marrakech) ont été interdits de voyager hors du Royaume et leurs passeports retirés par des juges d’instruction. Ces décisions d’interdiction de quitter le territoire n’ont pas touché uniquement des élus, mais également des fonctionnaires. Les dépassements concerneraient la signature de permis de construction illégaux, permis de construction dans des lieux interdits et usage de fonds sans approbation du conseil.
Cela démontre la nécessité de professionnaliser les personnels de ces collectivités et de les responsabiliser. Le développement local nécessite compétence et réddition des comptes.