Dans un communiqué publié le vendredi 5 octobre 2018 au sein du journal officiel, le Ministère de l’économie et des finances du Maroc a annoncé la première émission de certificats de Sukuk souverains. En l’occurrence, ce seront des Sukuks de type Ijara, présentant par essence moins de risques pour les investisseurs, qui seront émis.
Le Sukuk est un titre d’investissement qui se trouve à mi-chemin entre l’action (par définition titre de copropriété dans une société ouvrant le droit à un vote, à la gestion et à un dividende) et l’obligation (titre de créance envers une société ouvrant droit à un revenu fixe, l’intérêt, mais pas au droit à la gestion ni au vote). Les Sukuks empruntent des caractéristiques aux deux titres financiers susmentionnés dans la mesure où il s’agit d’une copropriété dans des actifs qui sont générateurs de revenus tout en étant compatibles avec la Chariaa.
Une émission de Sukuks fait appel à un initiateur, donneur d’ordres ayant un besoin de liquidités, mais qui dispose d’actifs tangibles conformes à la Chariaa, générateurs de profits. Cet initiateur cède cet actif à une copropriété d’investisseurs qu’il rémunère sur des revenus adossé à ce même actif. Il s’agit donc de titrisation (taskik en arabe).Les Sukuks font appel au même mécanisme que la titrisation, dans une version « halal ». En effet, le donneur d’ordres place l’actif dans une entité ad hoc (un fond de titrisation, au Maroc, il s’agit des fonds de placement collectif en titrisation, plus connus sous sigle FPCT).
A l’échelle l’internationale, le marché des Sukuks représente une part d’environ 300 milliards de dollars parmi une finance participative islamique estimée à 2000 milliards de dollars. 5 pays s’accaparent 93% de l’émission de Sukuks : la Malaisie, l’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, l’Indonésie et le Qatar. Néanmoins, les spécialistes prévoient une contagion de plusieurs pays par ce phénomène. Ainsi, la Turquie ainsi que certains pays africains à l’instar du Sénégal, du Togo, du Niger, et de l’Afrique du sud se sont lancé à leur tour dans le processus.
Il existe au moins 14 titres de Sukuks. La typologie se fait selon le destinataire de l’émission (émission domestique, émission internationale), selon la nature du risque… Néanmoins, à l’international, les Sukuks ijara et Sukuks mourabaha sont les plus répandus. Il est à noter que les Sukuks présentent des risques inhérents à leur nature, à savoir des risques de non-conformité à la Chariaa
En l’espèce, les sukuks émis par le Royaume vont porter sur un montant d’un milliard de dirhams (100 millions d’euros environ) amortissables sur une période de 5 ans et avec un rendement annuel de 2.66%.
Cette première émission est principalement à destination des investisseurs résidents (banques participatives et conventionnelles, compagnies d’assurance, caisses de retraites et autres OPCVM) et se fixe comme principal objectif de diversifier les instruments de financement de l’Etat ainsi que l’élargissement de la base d’investisseurs de ce dernier.