Bosseur, créatif et très talentueux, c’est ce qui définit Fayçal Azizi le chanteur comédien marocain. Nous avons eu le plaisir de l’interviewer, durant cet échange nous avons découvert un artiste humble, très concerné par la jeunesse marocaine et l’essor de l’art marocain.
- Tout D’abord, merci d’avoir accepté notre demande d’interview alors que votre calendrier est assez chargé, vous êtes présent sur la scène artistique depuis un bon moment, mais à quel moment il est devenu une évidence pour vous que vous êtes fait pour l’art ?
J’ai su que j’étais fait pour l’art depuis mon enfance, on dit toujours, qu’on voit défiler notre vie dans notre enfance et puis on oublie pendant l’adolescence car chacun est soumis à ces interférences dictées par les parents et le milieu proche. Mais il a été toujours clair pour moi que je suis fait pour l’expression artistique, tout d’abord en musique car l’attrait pour la musique et le chant est apparu très tôt, à l’Age de 3-4 ans et puis le seul moyen de le faire c’était d’intégrer l’ISADAC.
- Le grand public vous a principalement découvert à travers « Hak A Mama » qui aujourd’hui frôle les 10 Millions de vues sur Youtube, est qu’en lançant ce projet vous vous attendiez à ce qu’il lance votre popularité ?
En fait, il y a un petit détail dans ma carrière qui n’est pas médiatisé mais très drôle, mon 1er hit c’était avec le groupe KELMA, mais il n’y avait pas de clip pour la chanson à l’époque, aujourd’hui il y a des gens qui apprennent la guitare avec les chansons faites avec le groupe Kelma il y a 12-13 ans. Quand j’étais à l’école, tout le monde écoutait mes chansons mais personne ne me connaissait donc j’avais déjà commencé à avoir une vision et à faire une recherche depuis ce temps.
Hak a mama était la suite naturelle, c’est le moment où je me suis lancé dans les médias, les gens ont commencé à me connaitre, a faire des liaisons avec ma carrière d’acteur, avec ce que je faisais en France, tout ça grâce à Hak a Mama, mais mon début réel c’était en 2009 2010
- En écoutant votre musique, on a l’impression que vous vous créez votre propre univers, en écoutant vos reprises notamment d’Al Borda ou Hak A mama, quelles sont vos inspirations ?
En fait j’ai du mal à mettre le doigt sur certaines personnes, moi je crois à l’internationalisation de l’art marocain, le Maroc est un carrefour culturel, plein de rythmes, de styles, cela pourrait être rapproché par l’humour par exemple, un humour américain qui serait traduit marocain ferait rire les marocains, on a le même humour, c’est-à-dire, je crois que la culture marocaine est très inter-nationalisable, prête à être mondiale, c’est toujours dans ce sens que je travaille, quand je fais un morceau ou quand je fais une comédie je me base sur des codes internationaux pop, et je travaille avec ça, j’ai toujours eu cette aspiration à l’international, mon art est destiné à voyager, à atteindre un public mondial, donc ce n’est pas parce que je suis marocain que je vais viser exclusivement un public local, en plus les marocains ont cette habilité à tout comprendre, à être ouverts à différents styles, c’est ma méthode, même que cela soit en darija, il y a les mêmes codes, on évolue avec le temps, que cela soit en France ou au Maroc.
- Vous faites partie des rares de votre génération de chanteurs qui ne font pas du « commercial », est ce que c’est un choix momentané ou vous vous êtes trouvé vraiment votre propre voie ?
On ne peut parler de commercial au Maroc, il n’ y a pas d’industrie artistique, elle n’existe pas, on a des énergies qui créent et lancent des projets, c’est très aléatoire. Pour l’instant, ce terme peut être appliqué à d’autres pays, au Maroc c’est différent, je considère ce que je fais commercial vu que tout le monde en parle quand il y a de la nouveauté, mais le terme qui définirait mon travail serait plutôt « Alternatif », en comparaison avec ce qu’il y a sur le marché. La scène marocaine en général est faite de ce qui est folklorique, quelquefois c’est abrutissant même mais moi j’essaie de travailler de manière différente, j’essaie de me rénover, prendre des risques, faire des choses plus élaborées, je me retrouve sans concurrent au Maroc et c’est assez frustrant. Je me distingue, c’est une bonne chose, il n’y a pas beaucoup d’artistes qui font de l’alternatif, les artistes de ce genre sont rapidement découragés, j’aurais pu me décourager à un moment mais j’avais compris que c’est une question de temps, il faut trouver les meilleurs moyens de faire parler de son travail.
- Vous avez interprété le rôle de Habib dans la série Kaboul Kitchen, une série avec un casting non négligeable notamment avec un Gilbert Melky, comment s’est déroulé l’expérience ?
Kaboul kitchen était une grande expérience pour moi pendant 3 saisons, j’avais fait de petites choses au Maroc qui n’étaient pas suffisantes pour apprendre le métier, alors je l’ai appris avec Kaboul Kitchen, on médiatisait beaucoup le personnage de Habib, je suis très fier de ce projet, c’est un projet qui m’a beaucoup appris.
- Qu’en est-il de votre nouvelle expérience avec Disk Hyati ?
Disk Hyati est particulier, j’ai jamais mélangé l’acting et la musique, j’ai trouvé l’histoire très intéressante dès lors que je considère que le Maroc a besoin de productions d’empowering, les jeunes au Maroc ne croient pas à leurs capacités et sont déçus, on a développé cette culture de « Qu’est ce que tu veux devenir ? » on a beaucoup de découragement, on a besoin d’empowering, d’y croire, donc c’est pour ca que j’ai accepté ce projet, en plus j’ai composé toute la bande de la série, c’était une expérience très riche et très difficile. Disk Hiati et Kaboul sont des projets très différents.
- Dans cette série, la surprise était la collaboration avec Aymane Serhani, un chanteur d’un style tout à fait différent du votre, comment s’est déroulée votre collaboration ?
Aymane Serhani est quelqu’un de très exigeant pas par rapport aux autres mais par rapport à lui-même, c’est quelqu’un qui veut être bien, pendant le tournage il répète, il est très réaliste, c’est quelqu’un de respectueux, très gentil et des fois comme toutes les stars qui ont été propulsées très rapidement, il y a un pic d’égo mais c’est une chose qui se comprend, c’est psychologique mais avec moi il était très gentil et très aimable.
- Est-ce qu’il est alors possible de vous voir dans des productions cinématographiques marocaines ?
Je bosse sur mon album, je dois aussi sortir la bande originale de Disk Hyati et j’enchaine avec mon album, très conceptuel, pour cette raison je vais essayer de ne pas m’impliquer dans des tournages, je dois me concentrer sur ça, j’ai un petit voyage en Corée du sud pour compléter mes formations, je me donne le temps pour bien faire les choses.
- Un dernier mot pour les lecteurs de Discovery Morocco ?
Dicovery Morocco est une page qui a une nécessité d’exister, on est très axés sur nous, et pour une fois on a un portail qui nous ouvre au monde et qui rend ce que nous faisons glam et j’adore merci et bon courage.