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Frappe la monnaie à Dar As-Sikkah

Il est évident qu’il n’existe aucune souveraineté nationale, si l’émission de monnaie ne se décide pas, ne s’exécute pas, par les responsables étatiques sur le territoire national.

Le Maroc possède une banque centrale, en l’espèce de Bank Al-Maghrib, depuis 1959. Elle vient par substitution à la Banque d’État du Maroc créée par le traité d’Algésiras en 1906 (traité qui met fin à une relative indépendance de l’Empire chérifien, ndlr). L’instauration d’une banque centrale fondamentalement marocaine s’inscrit dans un mouvement général voulu par le défunt Hassan II et les partisans de l’Istiqlal, qui vise à construire les institutions nécessaires pour le futur du Maroc, dans un contexte post-protectorat. On adopte à la suite le dirham comme monnaie nationale, et le siège de la banque centrale est installé à Rabat.

Ainsi, le Maroc a un contrôle sur sa politique monétaire du fait de l’existence de cette banque centrale, qui doit agir vraisemblablement dans l’intérêt national ; ce qui confirme une des prérogatives financières essentielles à une souveraineté nationale. Le Royaume chérifien peut donc réguler de sa propre initiative la masse monétaire circulant dans son économie. Notamment en décidant du taux directeur (c’est-à-dire le taux auquel les banques privées empruntent à la banque centrale), qui est déterminant dans l’évaluation du taux d’intérêt des crédits courants. La banque centrale peut aussi décider du taux de change de sa monnaie avec les monnaies étrangères ; le Maroc a décidé de passer d’un taux de change fixe à un taux semi-flottant en 2018.

Bien qu’actuellement 95% de la monnaie dans le monde se présente sous forme scripturale, un pays ne peut se présenter comme influent, s’il ne possède pas d’unité de production de monnaie fiduciaire. On voit bien avec l’exemple de la zone Franc CFA (impression des billets de quatorze pays ouest-africains en France), les problèmes que peut poser une dépendance monétaire. Et c’est ce qu’a connu le Maroc pendant 31 ans, car le royaume confiait la production de monnaie à la France en particulier et à d’autres pays. Mais, le 5 mars 1987, le roi Hassan II inaugure Dar As-Sikkah à Salé, avec à ses débuts une première ligne de production de 140 millions de dirhams, puis une seconde a été installée en 1992. Le Maroc entre dans la sphère restreinte des pays ayant un institut d’émission autonome en matière de fabrication de monnaie fiduciaire.

Aujourd’hui, Dar As-Sikkah jouit d’une réputation internationale, compte 500 employés, et scelle des partenariats avec des entreprises comme Crane Currency (50 banques centrales lui ont confié la conception et la fabrication de leurs billets de banque nationaux), mais également de nombreux ministères pour la fabrication de leurs documents sécurisés. Quelques pays ont même choisi Dar As-Sikkah pour produire certains de leurs billets, comme la Syrie qui a confié en 1995, la fabrication de son billet de 500 livres. La compétitivité industrielle de ce pôle est au centre des attentions, avec des plans d’investissements, le dernier datant de 2008, qui a pour objectif de moderniser les équipements de production.

Elle nourrit souvent le fantasme des citoyens, bien que finalement son action soit concrète pour les citoyens, qui utilisent la monnaie nationale au quotidien, mais également pour les passeports qui sont fabriqués dans cet endroit ; en 2009 le premier passeport biométrique sort de l’unité.

Dar As-Sikkah doit être une fierté pour les Marocains ; c’est une preuve de nos capacités devant le Monde, car oui les Marocains frappent la monnaie à Dar As-Sikkah.

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