Souvent au cœur de l’actualité du fait de leur statut particulier, les enclaves de Ceuta et Melilla représentent la porte d’entrée de l’eldorado européen pour de nombreux migrants, maghrébins et subsahariens.

D’une superficie totale de 12.3 km²pour 80.000 habitants environ, Melilla (Mliliya en darija) est une ville située sur la côte nord-est du Maroc qui est sous gouvernance espagnole depuis près de 500 ans.

En effet, après la chute de l’Andalousie en 1246 et deux siècles et de d’embargo contre le royaume d’Occitanie, Grenade dernier rempart des musulmans chute à son tour en 1492. S’en suit alors un appel du pape Alexandre IV à l’attention des espagnols et des portugais les incitant respectivement à rejoindre la côte méditerranéenne et la côte Atlantique du Maroc, et ce, concomitamment au vœu d’Isabelle la catholique de voir les espagnols gagner le nord du Maroc afin d’empêcher les musulmans de regagner à nouveau la péninsule ibérique.

L’arrivée du comte Pedro de Estopinan à Melilla marque le point de départ de l’influence espagnole sur la cette derniere puisqu’il ouvre la voie à l’armée espagnole pour envahir la ville en 1497. S’en suit la chute des villes marocaines aux mains de l’Espagne et du Portugal. Ceuta tombe sous domination espagnole tandis qu’Assilah, Laraache, El Jadida et Essaouira tombent sous celle du Portugal.

Durant les siècles qui suivirent, les marocains réussirent à récupérer les villes en question à l’exception de Ceuta et Melilla. Parmi les tentatives de libération de Melilla les plus notoires, on retrouve celle menée par le Sultan Moulay Mohammed Ben Abdallah à l’occasion de laquelle il réussit à encercler la ville en 1774, mais échoua cependant à pénétrer en son sein. Au début du XXème siècle, le leader Mohammed ben Abdelkrim Al-Khattabi conduit et mène les habitants du Rif dans une guérilla contre les espagnols couronnée par la victoire d’Anoual en 1921. Néanmoins, l’euphorie fut de courte durée dans la mesure où la France vint au secours de l’Espagne, mit fin à la guerre du Rif et procèda à l’arrestation puis à l’exil de Mohamed Ben Abdelkrim Al-Khattabi.

A l’aube du XXème siècle, le général Franco essaye de convaincre les habitants de Ceuta et Melilla de le soutenir et de lui venir en aide dans sa guerre contre le front populaire en Espagne en échange de la promesse du retour des  enclaves de Ceuta et Melilla sous gouvernance marocaine lors de son accession au pouvoir. Il a pu de ce fait embrigader des milliers de marocains dans une guerre civile ne les concernant ni de près ni de loin, sans tenir en retour les promesses faites.

Après la fin du protectorat français en 1956, le Maroc réussi à faire quitter l’armée de Franco de ses territoires sud de manière pacifique en 1975, mais Ceuta et Melilla demeurèrent et demeurent à ce jour occupées.

Il parait légitime de se poser la question de savoir si l’Espagne, membre de l’union européenne dont les piliers sont les valeurs démocratiques, peut-elle se permettre de posséder des colonies dont la légitimité découlerait d’un traité anachronique vieux de près de cinq siècles ? Par ailleurs, le Maroc, qui en 2015 évoquait la possible saisine du comité de décolonisation de l’ONU poursuivra-t-il sa lancée au risque de se mettre Madrid à dos concernant le sujet épineux du Sahara ? Dans un contexte marqué par les revendications indépendantistes de la Catalogne, ce sont là autant de questions dont les réponses demeurent incertaines d’autant plus qu’à ce jour, les Nations Unies ne reconnaissent pas ces territoires comme étant occupés.