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Aux sources du militantisme politique au Maroc

C’est en 1934 que naquit le tout premier parti politique marocain, sous forme d’un comité d’action fondé par Allal El Fassi, précurseur du « Parti de l’Istiqlal » qui comme son nom l’indique, portait en lui la volonté d’un peuple d’accéder à son indépendance vis-à-vis du protectorat français, signé à Fès en 1912. Ce grand parti, riche de son ancrage historique et de son enracinement dans la mémoire collective des marocains par ce qui fut jadis, la sphère d’un rassemblement au nom d’une colombe symbole de liberté et d’attachement à la nation et à son indépendance, loin de toutes polémiques au nom de clivages et d’idéologies politiques, jouit aujourd’hui d’un tiraillement interne animé par des dissensions qui ne cessent de faire couler l’ancre.

Aux sources du militantisme politique au Maroc :

Les mouvements révolutionnaires s’émancipèrent de part et d’autre au sein du Royaume dès la signature du traité et le début de l’implantation progressive de l’armée française au Maroc. La rébellion c’est durant un temps traduite exclusivement par la lutte armée jusqu’aux alentours des années 30 ; dirigée dans le nord du pays dans la région du Rif par Abdelkrim Al-Khattabi, qui lutta également contre l’armée espagnole, dans les régions de l’Atlas par Mouha Ou Hammou Zayani ou encore, Assou Oubasslam, dans le Haut Atlas.

Malgré la puissance et férocité des troupes rebelles marocaines face à l’implantation des français au Maroc, celles-ci subirent de nombreuses pertes humaines et dégâts matériels. L’approvisionnement en armes et denrées alimentaires se faisaient de plus en plus difficilement compte tenu du fait que l’armée française procédait en encerclant les tribus, jusqu’à les pousser à la capitulation. Le mouvement national marocain vit dans cette lutte armée, sa première phase de rébellion.

L’indépendance du Maroc ne pouvait se faire par les armes uniquement, la conjoncture et situation militaire des tribus rebelles face à l’insurrection française ouvrit l’ère de la lutte à celle de l’idéologie, de la politique et du militantisme, réclamant le retour à l’application de ce qui fut signé lors du traité de Fès et qui se transformait graduellement en une forme de colonisation, à travers les violations flagrantes des prérogatives accordées aux autorités françaises mentionnées lors de la signature du traité.

Le « Dahir berbère », publié le 16 mai 1930 sous la résidence générale de Lucien Sainte, prévoyait dépourvoir le sultan Mohammed V de son pouvoir de juridiction sur les tribus berbère du Royaume, instaurant ainsi une division ethnique entre les arabes et berbères dans le but de mieux asseoir et ancrer la politique coloniale française au Maroc. Ce Dahir suscita une profonde indignation auprès de la société, qui voyait en lui la mise en place d’une ségrégation ethnique menaçant les symboles d’unité et de souveraineté nationale.

Les opposants à ce Dahir se réunirent autour des mouvements nationalistes réclamant son abolition pour sa non-conformité au traité de Fès, de leurs noyaux durent écloront les leaders du mouvement national marocain qui seront à la tête de la fondation des premiers partis politiques du Royaume. Aujourd’hui encore, l’abrogation de ce Dahir est considérée comme étant la source de la prise de conscience politique des militants marocains face à la nécessité d’étendre et de maximiser les canaux de lutte par le biais des mouvements politiques, suite à la difficulté due aux contraintes logistiques et à la supériorité numérique et technique de l’armée française face à laquelle s’est dressée la rébellion armée. C’est ainsi que naquit le premier parti politique marocain, souffle des prémices de l’indépendance et du refus du peuple à la soumission qui s’est traduit en 1934 par la création du « Parti de l’Istiqlal » (PI), qui ne prit réellement cette dénomination qu’en 1943, sous l’égide d’Ahmed Balafrej. Il est à noter que l’Istiqlal tire sa source du « Parti National », qui n’est autre que son noyau fondateur, interdit par les autorités du protectorat lors des années 30.

L’Istiqlal constituait la sphère autour de laquelle se réunirent les grands leaders de l’opposition marocaine face au protectorat français, avec à sa tête les éminents Allal El Fassi, Mehdi Ben Barka ou encore Ahmed Balafrej. Celui-ci fédérait autour de lui toutes les classes sociales, menées par ces leaders, reconnus et soutenus de tous afin de permettre au Maroc d’acquérir son indépendance, chose qui se traduisit par la signature du manifeste de l’indépendance sous leur égide par 67 marocains, à leurs risques et périls. Ce manifeste était le véritable programme du « Parti du l’Istiqlal », il réunit autour de lui les nationalistes de part et d’autre du Royaume, de toutes origines confondues, militant pour l’indépendance du Maroc.

Le « Parti Démocrate de l’Indépendance » (PDI) constituait à l’époque la deuxième force politique du pays aux cotés de l’Istiqlal. Fondé en 1946 par Mohammed El Hassan Ouazzani, ce parti militait conjointement avec les adhérents et partisans de l’Istiqlal dans le but de dépourvoir le pays de la domination française. Malgré son poids politique conséquent à l’époque du protectorat et lors de période post-indépendance, celui-ci s’effondra jusque n’avoir plus aucun poids politique lors des années 70, victime de profondes divergences et discordes internes.

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